Les traités de Westphalie – 1648
Les traités de paix de Westphalie soldent la fin de la guerre de 30 ans le 24 octobre 1648. Cette guerre a malheureusement fait presque autant de victimes que la première guerre mondiale. Parmi ces plusieurs millions de victimes, le Saint Empire romain germanique est le belligérant qui a le plus souffert. En effet, malgré la difficulté à donner des chiffres exacts à cette époque, la population du Saint Empire romain germanique au début du XVIIème siècle était estimée à 19 ou 20 millions, au lendemain de la guerre elle serait tombée à 7 millions. Les populations civiles sont les principales touchées à cause des famines, des épidémies et des destructions que la guerre a entraînées. Cette guerre est également tristement célèbre puisque la plupart des Etats européens y ont participé. Pourtant la guerre éclate suite à l’évènement que l’on a appelé « la défenestration de Prague » où les émissaires du roi de Bohême Ferdinand II passent par la fenêtre de la pièce où se déroulent les négociations concernant la religion à adopter. Cet incident qui déclenche la guerre révèle le problème religieux au sein de l’Empire. En effet, les catholiques, dont fait partie Ferdinand II, sont de plus en plus contestés par les luthériens. Sur cette différence religieuse se greffe les belligérants qui augmentent au fur et à mesure de l’ampleur croissante des conflits. Ainsi le parti catholique est défendu par les Habsbourg d’Espagne et du Saint Empire romain germanique puis soutenu par l’Eglise catholique romaine. Le parti protestant est lui défendu par les Etats allemands protestants de l’Empire, les Provinces-Unies et les pays scandinaves (Suède, Danemark, Norvège) puis la France, bien que celle-ci ne soit pas protestante, son intervention est due au fait qu’elle veut contrer la puissance de la maison Habsbourg. La guerre de Trente ans a donc mobilisé l’ensemble des puissances européennes à l’exception de l’Angleterre, de la Russie et de l’empire Ottoman.
En 1648 sont signés deux traités en Westphalie dans deux villes différentes : à Munster premièrement le 30 janvier un traité met fin à la guerre dite de « Quatre-Vingts ans » entre l’Espagne et les Provinces-Unies, puis le 24 octobre entre l’Empire et la France et ses alliés qui met fin à la guerre de Trente ans. A Osnabrück le 24 octobre est signé le traité de paix entre l’Empire et la Suède pour mettre aussi un terme à la guerre de Trente ans. Dans cette région de Westphalie est donc signé séparément deux traités de paix pour mettre fin à la guerre de Trente ans dans deux villes différentes du fait de l’impossibilité de réunir d’un côté les catholiques et de l’autre les protestants. Ainsi le congrès de Westphalie commence dès la fin de l’année de 1644 et est une vraie cohue. En effet sont présents au congrès les représentants de 16 Etats européens, 140 Etats d’Empire et 38 principautés ou villes observateurs. Bien que les négociations débutent en 1644 jusqu’à l’année 1647 chaque partie espérait une victoire de ses armées afin d’exiger davantage des parties adverses durant les négociations. Cependant à partir de 1647 la ferveur populaire augmentait un peu partout contre la fiscalité de la guerre et ses victimes ont incité les négociateurs à trouver un règlement au conflit. Les négociateurs ont profité des traités de paix de Westphalie afin de réorganiser les frontières politiques de l’Europe à leur profit. Ainsi les grands bénéficiaires en sont principalement la France, la Suède et les nombreuses principautés territoriales de l’Empire. Ensuite pour le Saint Empire romain germanique, ces traités marquent la réconciliation de l’empereur et les princes allemands à l’exception de celui de Bohême. Ils sont également la base de l’organisation de l’Empire jusqu’à sa suppression en 1806 : l’empereur reste l’autorité morale de l’Empire mais les princes allemands possèdent sur leur territoire la supériorité territoriale. Enfin sur le plan religieux la nouveauté est celle de la reconnaissance du calvinisme au sein de l’Empire ce qui porte à trois les confessions reconnues (catholique, luthérienne et calviniste). Cependant le principe de cujus regio, ejus religio reste en place c’est-à-dire que les princes conservent le droit d’imposer leur religion à leurs sujets.
En somme les traités de Westphalie grâce au principe de supériorité territoriale qui est la véritable caractéristique de ces traités, entrainent deux conséquences majeures : le principe du respect réciproque de la souveraineté des Etats incarné dans un territoire national et l’autonomie pour ces derniers dans leurs affaires intérieures et extérieures.
Suite à ces conséquences que mettent en places les traités de Westphalie, un nouvel ordre mondial (ou plutôt européen pour l’époque) est instauré dont la base repose sur l’Etat-nation. La preuve en est que jusqu’en 1802 l’ensemble des traités internationaux se réfèrent, de manière explicite, aux traités de Westphalie. Ainsi ce nouvel ordre se base sur un acteur unique et incontournable qu’est l’Etat. Celui-ci se substitue aux anciennes entités issues du monde médiéval et est défini par des frontières où à l’intérieur de celles-ci il est autonome dans ses affaires. Le fait que chaque Etat soit reconnu lui confère alors une souveraineté propre et cette dernière constitue la base du « système westphalien » dans le sens où elle amène au principe d’équilibre des puissances. Chaque Etat étant souverain, donc étant libre et égal sur le plan du droit international, peut conclure ses propres alliances avec d’autres Etats. Ce phénomène d’équilibre des puissances suite aux traités de Westphalie vient du statu quo relatif aux alliances que les Etats nouent entre eux afin de contrer la prépondérance d’un acteur. Ainsi, si un Etat tient une place trop importante sur l’échiquier européen et fait pencher la balance de son côté de manière trop importante, les autres Etats vont s’allier entre eux afin de rééquilibrer la balance et maintenir l’équilibre européen. Ceci est la conséquence des traités de Westphalie qui préfigurent un nouvel ordre européen basé sur l’équilibre des puissances. Cependant la notion d’Etat fait également référence à celle d’intérêt national qui n’est pas totalement présente suite aux accords de Westphalie bien que ces traités en donnent une base. Il faut attendre en effet les Révolutions du XVIIIème et XIXème siècle afin qu’il soit pleinement réalisé.