Le message fort du pape en Centrafrique
Le pape François est venu pour la première fois sur le continent africain fin novembre où il s’est rendu après le Kenya et l’Ouganda en Centrafrique, un pays qui a connu une grave guerre civile. Cette visite permet au pape d’envoyer un message symbolique de dialogue interreligieux dans ce pays.
Les derniers évènements qui ont fait trembler la République Centrafricaine remontent à 2013 où la Séléka, un mouvement d’opposition au président François Bozizé constitué en août 2012 et réunissant plusieurs mouvements politiques d’opposition, avance à partir de février vers la capitale Bangui pour renverser le régime en place. La Séléka est appuyée par des rebelles musulmans venus du Tchad et du Soudan ainsi que des désœuvrés centrafricains voulant piller les ressources trouvées sur leur passage. Alors qu’en Centrafrique les seuls lieux où résident des richesses sont les Eglises, ces derniers les attaquent afin de les piller. La Séléka prend alors Bangui le 24 mars 2013 et Michel Djotodia prend le pouvoir suite à la fuite de François Bozizé. Face à la prise de pouvoir de la Séléka, une autre milice s’active : la milice antibalaka. Cette dernière est une milice déjà formée en 2009 par le président François Bozizé pour lutter contre les coupeurs de routes en direction des pays voisins que sont le Tchad et le Cameroun. Les membres de cette milice sont alors essentiellement animistes. Toutefois, en mars 2013 suite à la prise de pouvoir de la Séléka, les chrétiens la rejoignent dans le but de se venger de la Séléka qui a pillé les Eglises et tué leurs proches. Les partisans de François Bozizé rejoignent également la milice antibalaka. On voit ainsi en Centrafrique une guerre civile qui puise sa source dans la mauvaise gouvernance du pays, un taux de chômage élevé des jeunes ou encore des influences extérieures, autant de facteurs qui ont permis à la religion de se greffer à ce conflit et de radicaliser davantage les opposants. Actuellement, la situation en Centrafrique reste très compliquée et des violences secouent souvent le pays risquant de l’embraser de nouveau. Selon le rapport d’octobre 2015 du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), le conflit a fait 400 000 déplacés et 440 000 réfugiés. C’est donc dans ce contexte tendu que le pape est venu en Centrafrique les 29 et 30 novembre derniers.
Le pape prône un dialogue interreligieux pour retrouver la paix
La Centrafrique, véritable point fort de la tournée africaine du pape, lui permet d’affirmer sa volonté d’instaurer un dialogue interreligieux pour retrouver la paix. Ainsi le pape a réalisé un acte symbolique fort en se rendant dans une mosquée accompagné d’un imam. Le pape François a aussi appelé les centrafricains à « ne pas avoir peur l’un de l’autre » et a déclaré que « nous sommes tous frères » afin d’instaurer un dialogue entre les différentes communautés. Il a également rappelé la nécessité de pardonner afin que le pays puisse retrouver un état de paix en affirmant « pas de paix sans pardon ». Le pardon, notion incluse dans le concept de justice transitionnelle, doit en effet être mis en place si le pays veut espérer sortir de ce conflit. La présence de la religion rend d’autant plus difficile la sortie du conflit puisqu’elle cristallise les opposants. Le dialogue interreligieux apparaît donc comme essentiel dans ce type de conflit où les religions s’opposent comme c’est le cas en Centrafrique. Fort de la venue du pape, le pays souhaite désormais se reconstruire et prendre un nouveau départ axé sur le dialogue, la réconciliation et la cohésion nationale.