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Adhésion du Maroc à la CEDEAO : quels enjeux et quelles perspectives ?

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Les chefs d’Etat de la CEDEAO doivent statuer au cours du mois de juin sur l’entrée ou non du Maroc au sein de l’organisation régionale. Une adhésion qui s’avèrerait stratégique, aussi bien pour les acteurs africains que pour le royaume chérifien.

Adhésion du Maroc à la CEDEAO : enjeux et perspectives en Afrique
Le roi du Maroc de plus en plus actif en Afrique ©Flickr/Kigali Genocide Mémorial

A la conquête de l’Afrique ? Après avoir réintégré l’Union africaine (UA) le 30 mars dernier, le Maroc cherche désormais à rejoindre la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les 15 Etats composant l’organisation doivent statuer sur l’entrée ou non du Maroc en tant qu’Etat membre lors d’un sommet exceptionnel qui se tiendra au Liberia au cours du mois de juin. Si la date n’a pas encore été précisée, un vote à l’unanimité est indispensable pour valider l’adhésion du Maroc qui jouit déjà du statut d’Etat observateur au sein de l’organisation. Pour le moment, seul le Nigéria a émis quelques réserves. Mais les diplomates marocains semblent, eux, plutôt confiants tant les enjeux, aussi bien pour le Maroc que pour les Etats d’Afrique de l’Ouest, sont importants.

Il faut dire qu’une adhésion à la CEDEAO constituerait la suite logique du tournant africain qu’est en train d’entreprendre le Maroc. Avec 62,9% de ses investissements directs à l’étranger tournés vers le continent, le royaume a déjà démontré son intérêt grandissant pour l’Afrique. De plus, le Maroc est le premier investisseur africain dans la partie ouest du continent, ce qui légitime son intérêt pour la zone. De son côté, la CEDEAO est le premier partenaire commercial du Maroc.

Si le royaume chérifien est déjà membre de l’Union du Maghreb arabe (UMA), cette organisation ne lui offre que peu de perspectives. Gangrené par la rivalité qu’entretiennent le Maroc et l’Algérie, le taux d’échange intrarégional de l’UMA ne dépasse pas 3%, tandis que celui de la CEDEAO s’élève à 10%. De plus, l’organisation offrirait au Maroc un marché de plus de 320 millions de consommateurs. Un marché d’autant plus important qu’il s’accompagne d’une démographie forte et d’une classe moyenne de plus en plus significative. Particulièrement en pointe dans le secteur des banques et des assurances, le Maroc aurait ainsi accès à un débouché florissant sur lequel s’appuyer à l’avenir. Pour sa part, l’organisation africaine pourrait amplement profiter de l’expertise agricole marocaine pour assurer sa sécurité alimentaire. Ces ambitions, si elles se concrétisent, s’inscriraient alors dans le cadre d’une coopération Sud-Sud et d’un partenariat gagnant-gagnant, deux axes prioritaires de la politique étrangère marocaine.

Un accès stratégique à la Méditerranée

En intégrant le Maroc, la CEDEAO bénéficierait également d’un accès stratégique à la Méditerranée et ne serait donc plus cantonnée à sa rive atlantique. Un projet de gazoduc ralliant le Nigéria au Maroc, et desservant l’Europe, devrait ainsi voir le jour en 2022. Celui-ci permettra notamment au Sénégal et à la Mauritanie de commercialiser leurs hydrocarbures, tout en bénéficiant aux pays situés sur la côte ouest-africaine. Se positionnant en acteur incontournable, le Maroc fait, ici, un pas de plus dans sa volonté de devenir, à terme, un hub régional entre l’Afrique et ses partenaires étrangers. Par ailleurs, la CEDEAO serait considérablement renforcée par une adhésion du Maroc puisque l’organisation, actuellement dominée par le poids du Nigéria, deviendrait la 16ème puissance mondiale en termes de PIB, juste devant la Turquie.

Enfin, le Maroc souhaite profiter de la CEDEAO pour accélérer le processus d’intégration économique africaine. Le but : consolider son poids au sein des institutions africaines afin d’encourager l’intégration régionale. Déjà dotée de la libre-circulation des biens et des capitaux, la CEDEAO compte mettre en circulation, d’ici 2020, une monnaie unique. Privilégiant la coopération économique aux problèmes politiques, le Maroc fait donc preuve de sa volonté profonde de transformer l’intégration régionale, et à terme l’intégration africaine dans son ensemble.

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