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Le Canal Istanbul, nouvel atout dans le jeu régional turc 

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Le Président turc Erdogan a déclaré « il y a un canal à Suez, il y a un canal à Panama, et il y aura un canal Istanbul ». Son gouvernement vient de dévoiler le tracé du « rêve fou » du dirigeant qui témoigne des ambitions géopolitiques de la Turquie, dont le rôle devient de plus en plus un rôle crucial dans le commerce régional. 

Rive d’Istanbul

Cette idée répond tout d’abord à un engorgement du sinueux détroit du Bosphore qui sépare l’Europe et l’Asie et qui partage la ville. En effet, celui ci reçoit trop de navires pour les capacités actuelles de passage, ce qui menace la sécurité des riverains en cas d’accident de navires transportant des produits dangereux. Par conséquent, la création d’un canal parallèle à l’ouest de la ville représente une opportunité pour la Turquie. Le pays émergent, aujourd’hui 10e puissance économique mondiale, ambitionne de se positionner encore plus comme un carrefour commercial entre plusieurs ensembles régionaux.

D’une part, la Turquie pourrait profiter d’une rente estimée à 5 milliards de dollar par an. D’autre part, la construction d’une voie navigable de 45km de long et 400m de large aurait une portée symbolique chère aux yeux d’Erdogan, ancien maire d’Istanbul. Un canal est, en effet, témoin de la maîtrise d’un territoire. Il est, à la fois, aménagement vecteur de développement et levier de puissance concernant le commerce régional.

En réalité, les canaux de Suez et de Panama, pris en modèle par Erdogan, jouissent d’une position géostratégique bien meilleure que celle du détroit du Bosphore : ils sont situés sur l’Artère Circumterrestre des conteneurs, véritable autoroute maritime par laquelle transitent 80% du trafic mondial maritime. C’est donc ce statut de point nodal de l’artère qui leurs confère des avantages financiers et géopolitiques que convoite la Turquie. Pourtant, bien que le détroit eurasien ne soit qu’une simple « sortie de l’autoroute des conteneurs », Erdogan entend mettre à profit la position de pont énergétique de son pays. Ainsi, la Turquie se pose déjà en hub des hydrocarbures, puisqu’elle héberge de nombreux gazoducs et oléoducs reliant le Caucase et l’Asie du Sud à l’Europe (avec d’autres à venir). Le canal Istanbul renforcera donc ce rôle régional prépondérant puisqu’il offrira un meilleur trafic aux tankers venant des rives caucasiennes et russes.

Cependant, les travaux pour la nouvelle voie navigable menace plusieurs sites naturels protégés, ainsi que des écosystèmes marin. Des voix contestataires se sont donc élevées au sein du pays, car le tracé implique un coût environnemental non négligeable. L’ancien maire stambouliote poursuit toutefois par ce canal sa politique de méga-projets à Istanbul, dans l’objectif de faire du coeur historique et économique du pays, une métropole de rang mondial, ce qui aura forcement des répercussions régionales.

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