Emmanuel Macron aux États-Unis : quelle marge de manœuvre face à Donald Trump ?
Lundi 23 avril, Emmanuel Macron s’est rendu aux États-Unis pour une visite d’État de trois jours. Il s’agit de la première de son mandat. Les deux présidents ont abordé plusieurs dossiers importants, dont celui sur l’accord nucléaire iranien. Cependant, l’influence effective de la France ne doit pas être surestimée. Cette rencontre s’avère bien plus importante sur le plan de la forme que du fond.
La visite d’État représente l’échelon protocolaire le plus élevé en termes de visites de représentants étrangers. Elle a pour but de mettre en avant l’amitié entre deux pays et doit revêtir un caractère symbolique fort à travers son programme. Cérémonie militaire et visite de la demeure du premier président américain Georges Washington font ainsi partie du planning du président français au cours de ces trois jours. La veille de son arrivée le 22 avril, Emmanuel Macron a donné une interview à la chaîne américaine Fox News, réputée proche de Donald Trump. Le chef d’État a insisté sur ses points communs avec son homologue, comme leur anti-conformisme ou leur parcours dans le secteur privé. Il s’agit indéniablement d’une action diplomatique d’image qui répond au sens-même de cette visite d’État.
Le dossier nucléaire iranien : quelle possibilité de négociation pour Emmanuel Macron ?
Néanmoins sur le fond, certains dossiers sensibles ont été abordés lors de l’entretien qui a eu lieu mardi entre les deux présidents. L’accord sur le nucléaire iranien a été un point d’importance. Les États-Unis avaient imposé la date du 12 mai pour modifier cet accord sous peine d’un rétablissement des sanctions américaines. Emmanuel Macron place ainsi la France et l’UE sur une position diplomatique active dans un contexte d’escalade des tensions. Il a déclaré à l’issue de sa discussion avec Donald Trump leur volonté commune d’aboutir « à un nouvel accord avec l’Iran ». Une déclaration qui demeure prudente et floue sur le fond. De son côté, Donald Trump a de nouveau fustigé cet accord en le qualifiant de « ridicule ».
Mais en définitive, la réelle influence française ne doit pas être surestimée. Nombre d’entreprises européennes d’une manière générale possèdent des enjeux économiques importants en Iran mais elle se devra de suivre la position américaine même en cas de retrait. L’Union européenne ne sacrifiera pas ses intérêts avec la première puissance mondiale au profit de la République islamique. Il est de plus inenvisageable que l’UE défende seule l’accord sur le nucléaire iranien. Cela impliquerait un positionnement rapproché avec la Russie et la Chine, dans un contexte de tensions russo-américaines et sino-américaines fortes.
Cultiver son image dans un contexte protectionniste
Aucune avancée diplomatique n’est donc à envisager suite à cette visite d’État. L’Élysée avait d’ailleurs déclaré que le président français n’attendait pas une issue concrète concernant l’Iran. Les attentes sont à peine plus ambitieuses concernant un possible retour américain dans l’Accord de Paris sur le climat, suite à leur retrait en juin 2017. Le dialogue prudent, non frontal constitue la ligne de cette rencontre. L’objectif est plutôt de cultiver une image française positive à travers le président Emmanuel Macron auprès des États-Unis. Face au repli protectionniste américain, la France et l’Union européenne ont l’opportunité d’investir une place plus importante sur l’échiquier international. Cette visite d’État est clairement un outil destiné à servir cette ambition de rayonnement ravivé.