Quels enjeux pour l’Europe de la Défense ?
En février, la Conférence de Munich sur la sécurité a réuni de nombreux chefs de gouvernement autour de la question de la défense européenne. Si l’édition 2018 s’était concentrée sur le thème de la lutte anti-terroriste, cette année, les préoccupations se sont portées sur les attitudes déstabilisatrices chinoise, russe et américaine.
La Conférence de Munich a mis en lumière les tensions diplomatiques entre Européens et Américains. Ainsi, Angela Merkel et Mike Pence se sont affrontés par déclarations interposées. La chancelière allemande s’est défendue face aux critiques américaines concernant le projet de gazoduc NorthStream2 avec la Russie. Le vice-président américain a rétorqué que « les Etats-Unis ne pourraient pas assurer la sécurité de nos alliés en Occident s’ils restent dépendants de l’Est ».
La remise en cause de l’alliance américano-européenne
Ces échanges hostiles sont symptomatiques d’un mal plus grand qui affecte les relations américano-européennes. En effet, depuis son élection, Donald Trump n’a cessé de remettre en cause le rôle de l’OTAN et, plus globalement, l’alliance entre Européens et Américains. Le président américain a bouleversé l’ordre mondial traditionnel en remettant en cause l’approche multilatéraliste qui prévalait jusqu’ici. Sa décision de se retirer du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire a également été blâmée. Cette nouvelle instabilité est d’autant plus renforcée par les ambitions chinoises et russes.
Le sujet des technologies chinoises a, encore une fois, attiré de nombreuses critiques. Les Américains ont accusé les Européens de ne pas suffisamment se méfier des entreprises chinoises – telle-que Huawei -, qui font l’objet de bannissements aux Etats-Unis. Les Européens se sont défendus et ont affirmé prendre cette question très au sérieux. Cette méfiance à l’égard de Pékin va au-delà du domaine technologique. Le projet titanesque des nouvelles routes de la soie inquiète certains dirigeants européens qui y voient un partenariat asymétrique, au désavantage de l’Europe.
Enfin, la Russie a également écopé de son lot d’incriminations. Elle est accusée de déstabiliser les processus électoraux démocratiques, notamment à travers l’action de bots, des logiciels imitant les internautes, qui mènent des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux. Les représentants russes ont vivement démenti. Ils ont exhorté les Européens à préférer une Europe indépendante vis-à-vis des Etats-Unis.
Si l’Europe de la Défense a récemment effectué des progrès, avec la création de deux nouvelles entités dans le cadre de l’UE ; la Coopération structurée permanente et le Fonds européen de défense ; beaucoup reste encore à faire. En effet, le bouleversement de l’ordre sécuritaire mondial, couplé à l’incertitude du Brexit, accentuent l’urgence pour les Européens, à surmonter leurs différends afin de proposer une Europe de la Défense forte et unie.
Sources
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/20/la-conference-sur-la-securite-de-munich-a-mis-a-nu-la-realite-brutale-de-la-dislocation-de-l-ordre-international_5425582_3232.html
https://www.robert-schuman.eu/fr/questions-d-europe/0474-defense-le-reveil-de-l-europe
https://www.lejdd.fr/International/face-axu-etats-unis-a-la-russie-et-la-chine-leurope-sort-les-griffes-3859052
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