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Julian Assange : la fin d’une décennie d’imbroglio diplomatique ?

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10 ans. C’est quasiment le nombre d’années qui se sont écoulées depuis la publication de documents secrets par Julian Assange, sur son site Wikileaks en 2010. Encensé au début, Julian Assange est vite devenu un paria aux yeux de l’opinion internationale et son cas a soulevé de nombreuses problématiques, devenues diplomatiques.

Assange et le président équatorien
Assange vivait reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres depuis sept ans pour échapper à son arrestation

Portait de Julian Assange

Julian Assange est australien. En 2006, il fonde un site web désormais bien connu : Wikileaks. Le but non lucratif de ce dernier est de divulguer des informations classifiées. Dès 2010, des centaines de milliers de documents secrets relatifs à la guerre d’Irak et d’Afghanistan sont publiés sur Wikileaks. La source de cette première fuite est l’ancien soldat américain Bradley Manning, désormais Chelsea Manning, qui sera ensuite traduit en justice et jugé coupable d’espionnage. En 2013, Wikileaks publie « les câbles diplomatiques de Kissinger », un recueil de plus d’un million de documents diplomatiques afférents à la période 1973-1976.

Depuis 2012 et jusqu’à début mai 2019, le fondateur de Wikileaks vivait reclus à l’ambassade d’Équateur à Londres. Jouissant de l’immunité dans cette ambassade, Julian Assange souhaitait échapper à l’extradition vers la Suède qui a émis depuis 2010, un mandat d’arrêt pour viol et agression sexuelle. Dans le même temps, les Etats-Unis souhaitaient le juger pour « piratage informatique ».

Assange : une véritable saga diplomatique

Depuis sept ans, Londres dispose d’un mandat d’arrêt contre Assange pour violation de sa liberté sous-caution. Il s’était en effet réfugié à l’ambassade d’Équateur après les révélations, où il est resté depuis. Le président équatorien de l’époque, politiquement à gauche et hostile aux Américains, en avait fait un symbole d’opposition diplomatique. En 2017, l’Équateur avait proposé l’octroi de la nationalité à Assange. Cependant, Londres avait refusé son immunité diplomatique sur le territoire du Royaume-Uni, lui retirant ainsi les bénéfices escomptés de cette citoyenneté.

Le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, a pris la décision en 2018 de retirer à Assange l’asile politique afin de rapprocher son pays des Etats-Unis. Pour autant, le président Moreno avait eu une confirmation par écrit du Royaume-Uni, qu’Assange ne serait pas extradé vers un pays où il risquerait la peine de mort. C’est l’une des raisons pour lesquelles le chef d’accusation américain n’évoquait, a priori, que le « piratage informatique ».

L’administration Trump a cependant décidé de 17 nouveaux chefs d’accusation, dont l’espionnage et la divulgation de secrets américains, passibles de la peine de mort.

Le 11 avril 2019 Julian Assange a été arrêté à Londres

L’administration Trump est désormais au coude à coude avec Stockholm. D’un côté, l’organisation d’Assange, Wikileaks, est qualifié de «service de renseignement non-étatique hostile» qui constitue «une menace pour la sécurité nationale » (1) aux États-Unis. Cela implique qu’Assange risque la prison à vie, 175 ans exactement à cause de la législation sur le cumul des peines, voire la peine de mort, s’il est extradé vers les Etats-Unis. De l’autre côté, les faits pour viol et agression sexuelle en Suède seront prescrits en août 2020 en Suède et l’extradition devient urgente pour qu’il y ait un procès.

Son audience d’extradition vers les États-Unis a été fixée à février 2020 après avoir été reportée en raison de l’état psychologique fragile d’Assange. La justice suédoise a, quant à elle, rejeté la demande d’arrestation lors d’une audience début juin. Cette première victoire pour la défense d’Assange n’est que partielle puisqu’en vertu de la coopération pénale européenne, l’enquête pour viol peut se poursuivre depuis le Royaume-Uni. (2)

Une décennie plus tard, l’affaire Assange prend un nouveau tournant. Ses soutiens n’ont jamais cessé de dénoncer des manœuvres qui auraient eu pour but de l’extrader in fine vers les États-Unis. La suite de cette affaire devrait nous en apprendre plus sur les mécanismes juridiques européens et internationaux, ainsi que nous interroger sur le statut des lanceurs d’alerte et leur place dans la société, un sujet éminemment actuel.

 

Sources:

(1) http://www.lefigaro.fr/international/wikileaks-julian-assange-arrete-a-londres-20190411

(2) https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/03/la-justice-suedoise-rejette-la-demande-d-arrestation-de-julian-assange-pour-viol_5470914_4408996.html

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Eléonore Motel

Eléonore est étudiante en master 2 à Sciences Po Lille. Ses thèmes de prédilection sont l'intelligence économique, les problématiques de défense, de sécurité et d'innovation

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