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Venezuela : une sortie de crise est-elle possible ?

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Depuis le 23 janvier 2019, le Venezuela est entré dans une crise politique majeure avec l’auto-proclamation de Juan Guaidó en tant que président par intérim. Depuis, la lutte entre l’opposition et le président élu, Nicolas Maduro, plonge le pays dans l’impasse. Un cycle de négociations a débuté à Oslo, en Norvège, début mai. Alors qu’un 3e round de discussions a été accepté par les deux partis le 7 juillet, les chances de sortie de crise restent extrêmement minces.

Escalade dans la confrontation politique

Guaido est le meneur de l'opposition contre Nicolas Maduro au Venezuela
Juan Guaidó, jeune député peu connu, a été propulsé à la tête de l’Assemblée Nationale en janvier

Le Venezuela se dirige-t-il vers un avenir meilleur ? Il est difficile de répondre à cette question par l’affirmative. Le pays était déjà empreint à de lourds soucis économiques et sociaux. Il connait depuis plus de 6 mois une crise politique sans précédent. Le président sortant, Nicolas Maduro, a été réélu à la tête du Venezuela en mai 2018 pour un second mandat, dans des conditions obscures. En effet, l’opposition dénonce des irrégularités dans le processus électoral et plusieurs puissances refusent de reconnaître le résultat. En janvier 2019, alors que N. Maduro prête serment pour un second mandat, Juan Guaidó, jeune député, s’impose comme leader de l’opposition. L’Assemblée nationale est la seule institution qui n’est pas sous l’égide du pouvoir en place.

Depuis, les deux hommes s’affrontent politiquement alors que la situation générale du pays se dégrade à une vitesse folle. L’envenimement de la situation a poussé les grandes puissances à se positionner. De ce fait, les Etats-Unis, l’Union européenne et la quasi-totalité des pays d’Amérique du Sud reconnaissent J. Guaidó comme président légitime. Nicolas Maduro, quant à lui, est notamment soutenu par la Chine, la Russie et la Corée du Nord.

Les négociations dans l’impasse

Après des mois d’affrontement très médiatisés, la situation n’a finalement que très peu évoluée. La situation humanitaire et sociale au Venezuela est catastrophique. Le pays connait en effet une inflation démesurée et le gouvernement refuse l’entrée aux camions d’aide humanitaire. La population a dû faire face à d’importantes coupures de courant résultant du mauvais entretien des infrastructures. De nombreux vénézuéliens quittent le pays et se réfugient dans les pays voisins, notamment la Colombie, le Pérou et l’Equateur. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer des manquements aux droits de l’homme dans le pays. Récemment, un rapport de l’ONU rédigé par Michelle Bachelet dénonçait une « politique visant à neutraliser, réprimer et criminaliser l’opposition politique et ceux qui critiquent le gouvernement ».

Face à une telle dégradation de la situation, le gouvernement et l’opposition se sont accordés sur la tenue d’un processus de négociation. Celui-ci est en place à Oslo, en Norvège depuis mai. Les émissaires de N. Maduro, dirigés par le ministre de la communication, Jorge Rodriguez et ceux de J. Guaidó, menés par le député Stalin Gonzalez, se sont rencontrés plusieurs fois depuis. Les négociations portent sur six points principaux qui n’ont pas été révélés. Toutefois, des avancées semblent peu probables. Les demandes respectives sont en profondes contradictions et les deux camps semblent camper sur leurs positions. L’opposition demande la démission immédiate du président vénézuélien ainsi qu’une refonte du Conseil national électoral et des élections libres sous contrôle de la communauté internationale. Le parti gouvernemental quant à lui, souhaite des élections parlementaires anticipées, la seule institution contrôlée par l’opposition.

Quel avenir pour le pays ?

Il semblerait que Nicolas Maduro ne compte en aucun cas démissionner de son poste à la présidence du Venezuela. D’autant plus que le rapport de force politique lui est aujourd’hui favorable. Même si la situation économique et sociale du pays est catastrophique, le président Maduro parvient à s’en dédouaner en reportant la faute sur les Etats-Unis. En effet, ces derniers exercent une stratégie de « pression maximale » avec de lourdes sanctions, notamment pétrolières, qui se répercutent sur le bien-être de la population.

Depuis le soulèvement raté du 30 avril, Juan Guaidó a largement perdu en crédibilité et en soutien. Il peine aujourd’hui à maintenir sa base. Par ailleurs, les Etats-Unis qui lui avaient accordé un soutien inconditionnel, se font désormais plus distants. Néanmoins, le leader de l’opposition continue de se battre et poursuit sa lutte contre le maintien du président Maduro au pouvoir. Il reste à voir si celle-ci se fera par la porte de sortie pacifique offerte par ce processus de négociations. Les deux camps ont en effet accepté de se rencontrer une nouvelle fois à La Barbade, dans les Caraïbes, sous l’impulsion de la Norvège. Il est important de noter que c’est Juan Guaidó qui a été à l’origine de leur dernière relance après un arrêt complet des discussions à la suite de la mort en détention du militaire Rafael Acosta Arevalo.

Sources :

  • https://les-yeux-du-monde.fr/actualite/amerique/39109-crise-venezuela-deux-presidents-une-impasse
  • https://www.courrierinternational.com/article/reportage-au-venezuela-le-quotidien-sans-electricite
  • https://news.un.org/fr/story/2019/05/1043911
  • http://www.lefigaro.fr/international/l-onu-denonce-les-executions-au-venezuela-20190709
  • https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/10/venezuela-un-troisieme-round-de-dialogue-sans-grand-espoir-d-avancee_5487762_3210.html
  • http://www.lefigaro.fr/flash-actu/venezuela-condamnations-apres-la-mort-d-un-soldat-en-detention-20190701
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Claire Desdouits

Spécialisée sur l'étude des conflits et la gestion de crises internationales, je porte un intérêt particulier pour ces sujets ainsi que les jeux politiques qui les entourent.

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