COP 27 le Bilan
Du 18 au 26 novembre 2022, s’est tenu la COP 27 à Sharm El Sheikh, en Egypte. Point de rendez-vous annuel des négociations internationales sur le climat, cette COP aura eu son lot de surprises et de déceptions. Quel bilan peut-on en faire ?
COP 27 : un regain de confiance ?
Cette COP aura eu pour but de « reconstruire la confiance entre les pays du Nord (…) et les pays du Sud ». Dans son résumé de la COP 27, Sébastien Treyer, directeur exécutif à l’IDDRI, souligne l’attente d’engagements climatiques forts de la part des pays dont les finances ne permettent pas encore, et ce de par l’histoire, d’allier protection contre les risques climatiques et développement.
Dans ce sens, un certain nombre d’initiatives permirent de renforcer ce lien de confiance. On peut notamment citer l’annonce de soutien de l’Union européenne et des pays du G7 à l’agenda de Bridgetown. Proposé par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, cet agenda vise la réforme du FMI et des banques multilatérales de développement dans le but de les adapter aux besoins climatiques présents et futurs. Des financements à long-terme, déployés en prévision plutôt qu’en réponse aux évènements extrêmes sont notamment à l’agenda. Pour soutenir cette initiative, et préparer la COP 28 qui se déroulera aux Emirats arabe unis en novembre de l’année prochaine, Emmanuel Macron a annoncé l’organisation d’un sommet sur la finance climat en juin 2023.
Transition énergétique: l’Indonésie sous les projecteurs
La COP 27 aura également été l’occasion d’entériner le partenariat pour la transition énergétique juste de l’Afrique du Sud (Just Energy Transition Partnership – JET-P). Annoncé à la COP 26, ce nouveau modèle de financement accompagnera le pays dans son passage d’une économie principalement basée sur le charbon à un mix énergétique plus responsable. L’Allemagne, l’Union européenne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis s’étaient alors engagés à soutenir ce plan à hauteur de 8,5 milliards de dollars sur 5 ans. Au G20 qui suivi la COP27, c’est un nouveau JET-P, de 20 milliards de dollars cette fois, pour l’Indonésie, qui fut annoncé.
Pertes et préjudices, et autres succès
Toutefois l’événement phare de cette COP 27 aura été l’institutionnalisation du sujet des pertes et préjudices au sein des négociations climatiques internationales. Sujet polémique et revendiqué depuis 1991, son ajout sur l’agenda de la COP 27 avait déjà fait des émus. Mia Mottley, première ministre de la Barbade, décrivait déjà son ajout comme d’un « succès significatif ». L’annonce d’un accord trouvé sur la création d’un fond dédié au sauvetage et à la reconstruction de zones touchées par des désastres climatiques, financé par des pays industrialisés, releva donc de l’ordre de la surprise pour la communauté internationale. Pour accompagner ce succès politique, l’adoption d’une décision d’opérationnaliser le Réseau de Santiago, lancé lors de la COP 25 sur le sujet, tombe à point nommé. L’objectif ici sera de catalyser l’assistance technique nécessaire pour la gestion des pertes et dommages (telle que du conseil scientifique, de l’estimation de besoins, de la mise en relation…).
Plusieurs initiatives, telles que SURGe, sur le développement de villes résilientes et AWARe (Action for Water Adaptation and Resilience initiative) sur la gestion durable des ressources en eau, furent également signées. Côté adaptation, on peut également noter l’initiative Friends of Greening National Investment Plans ayant pour objectif de soutenir les pays en développement dans l’élaboration de leurs plans d’adaptation et d’atténuation.
Des résultats à nuancer
Malgré ces résultats, plusieurs acteurs des négociations se déclarèrent déçus. C’est le cas de L’Union européenne et du Premier ministre britannique Rishi Sunak. En effet, les efforts en matière d’atténuation et d’adaptation climatique restèrent minces. Aucune mention de suppression progressive des énergies fossiles, par exemple, n’est mentionnée au sein du texte final. Selon Laurence Tubiana, directrice de la European Climate Foundation, ce résultat ressort en partie d’une organisation partiale des négociations climatiques de la part de l’Egypte. Organisatrice de la COP 27, le pays aurait ainsi permit l’influence d’alliances régionales au sein même des négociations. Une possibilité qui inquiète, notamment en vue de la COP 28 prenant place à Dubaï l’année prochaine.
Les mots d’Antonio Guterres en sont l’expression même : « Notre planète est toujours en chambre d’urgence. Nous avons besoin de réduire drastiquement nos émissions maintenant – une question qui n’a pas été adressée lors de cette COP. »