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Brésil : un retour en force à la COP 27

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Mastodonte régional, le Brésil est resté aux abonnés absent des négociations climatiques ces dernières années. Avec un nouveau président à sa tête, cependant, les choses pourraient bien changer pour le Brésil et son engagement climatique.

Brésil : un retour en force à la COP 27
Lula Da Silva

Un Brésil de retour dans la lutte contre le changement climatique

Quelques jours après son élection, Luis Lula Da Silva replaçait déjà l’environnement au cœur des stratégies de l’Etat. Ces dernières années le Brésil s’était en effet isolé des négociations climatiques avec l’Union Européenne et le MERCOSUR, de par ses positions sur le sujet. Ainsi appui-t-il, depuis son élection, l’idée d’un comeback du Brésil sur la scène internationale et dans la lutte contre le changement climatique. Il usa, de fait, de son premier déplacement à l’étranger pour se rendre à la COP27, à Sharm El Sheikh, en Egypte. D’emblée, il annonça ses ambitions : réduire à zéro la déforestation et la dégradation des écosystèmes à 2030. Un objectif ambitieux accompagné de la proposition d’organiser la COP30, en 2025, en Amazonie.

Ce choix n’est pas anodin. L’Amazonie, symbole de biodiversité, regrouperait à elle seule 1/4 des espèces mondiales : « 40 000 espèces de plantes dont 16 000 essences d’arbres, 2,5 millions d’espèces d’insectes, 3 000 poissons d’eau douce, 1 500 oiseaux, 500 mammifères, 550 reptiles… » (FranceInfo, 2019). Elle régule également le taux d’humidité en produisant de la vapeur d’eau et décroît les possibilités de sécheresses.

Intégrer l’image de l’Amazonie au cœur de son discours climatique, offre ainsi au nouveau président de donner la couleur de son nouveau mandat : la protection du patrimoine environnemental sera au cœur même de la vision du Brésil.

Renouvellement politique au Brésil

Le 30 octobre 2022, Luis Lula Da Silva remportait les élections présidentielles brésiliennes à 50,9% des voix. Une victoire serrée, reconnue 2 jours plus tard par le président sortant Jair Bolsonaro. L’engagement de ce dernier à assurer la bonne conduite de la transition démocratique en surprit alors plus d’un. C’est à plusieurs reprises qu’il s’était en effet exclamé ne pas reconnaître le résultat de ces élections comme légitimes, s’il n’était pas lui-même élu. Ce possible scénario pour le Brésil, impliquant revendications de « fraudes électorales massives » et faisant écho à la prise d’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021 aux Etats-Unis, avaient alors élevé des craintes d’instabilité politique.

Ce revirement politique promet un renouveau stratégique pour le pays, et ce notamment en ce qui concerne son action climatique. Il annonce en effet la fin d’un gouvernement qualifié d’«écocidaire» par le chercheur Marcel Bursztyn et décrié par des ONGs comme promoteur des pratiques de déforestation. Au travers de la négation du problème climatique et d’une impunité assumée, le gouvernement aurait ainsi incité la destruction de parcelles de forêt au profit de l’agriculture et autres pratiques commerciales. Bien que l’ancien président n’ait pu modifier la législation environnementale brésilienne, de par un manque de majorité au Congrès, des coupes budgétaires et le placement de militaires à la tête d’agences environnementales favorisèrent l’exploitation des ressources forestières au détriment de leur protection.

Un héritage empoisonné

Luis Lula Da Silva hérite aujourd’hui d’un pays ayant vu la déforestation doubler, voire tripler en 4 ans, et où, chaque jour, 1,5 millions d’arbres sont décimés. C’est l’équivalent de 4000 terrains de football décimés au profit d’activités commerciales, telles que l’agriculture. Un récent rapport de la Banque mondiale annonçait en septembre qu’un taux de déforestation de 20 à 25% de la forêt amazonienne pourrait entraîner la savanisation de ses paysages, ce qui modifierait son cycle hydrologique et se répercuterait sur les écosystèmes locaux, régionaux et mondiaux. Le taux de déforestation de la forêt amazonienne a aujourd’hui atteint les 17%.

« Le calcul est simple, cite le Parisien, une tonne d’arbre qui part en fumée, et ce sont aussitôt presque deux tonnes de CO2 qui s’évaporent. »

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Gabrielle FRANCK

Gabrielle FRANCK est étudiante de niveau master, poursuivant un double diplôme «International Relations and Politics and Public Administration» dans les universités partenaires Charles (Prague) et Konstanz (Allemagne).

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