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Accord Éthiopie-Somaliland : un enjeu d’intégrité territoriale pour la Somalie

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Le 1er janvier 2024, l’Éthiopie et le Somaliland, une région autoproclamée indépendante, ont conclu un accord exclusif pour l’accès à la mer. Cet accord attire l’attention dans une région fragilisée, en raison de son possible impact sur l’intégrité territoriale de la Somalie.

Un accord controversé : l’Éthiopie et le Somaliland

Femme arborant le drapeau somalien.

Le 1er janvier 2024, un Memorandum of Understanding (MoU) a été conclu entre l’Éthiopie et le Somaliland. Cet accord suscite alors une attention mondiale en raison de son impact potentiel sur l’intégrité territoriale de la Somalie.

C’est une étape clé pour l’Éthiopie qui prévoit d’installer une base navale et un port sur la côte du Somaliland. Néanmoins, une crise diplomatique régionale émerge, concernant le statut autoproclamé d’indépendance du Somaliland et l’intégrité territoriale somalienne.

Le Somaliland, déclaré indépendant en 1960 et autoproclamé depuis 1991, maintien des institutions gouvernementales relativement stables malgré le manque de reconnaissance. Bien que relativement stable comparée à d’autres zones somaliennes, la reconnaissance internationale du Somaliland reste complexe et controversée.

Les enjeux et controverses de l’accord

Dès octobre 2023, l’Éthiopie, enclavée depuis l’indépendance de l’Érythrée, exprime le souhait d’accès à la mer, envisageant diverses approches. Ces approches allant de moyens pacifiques vers des moyens plus coercitifs incluant l’usage de la force. Des propositions ont été faites pour échanger des actifs d’entreprises éthiopiennes importantes avec les États voisins. Ces entreprises majeures éthiopiennes sont : Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne, Ethiopian Airlines, Ethio Telecom. Face au refus de l’Érythrée, de Djibouti et de la Somalie, l’Éthiopie a surprenamment signé un Memorandum of Understanding (MoU) ou « Lettre d’intention » avec le Somaliland. En signant ce MoU l’Éthiopie joue sur la faiblesse de l’emprise du gouvernement fédéral somalien sur la région sécessionniste.

En contrepartie d’une éventuelle reconnaissance du Somaliland, cet accord accorde à l’Éthiopie l’utilisation du port de Berbera pendant cinquante ans. Le port de Berbera a un port développé par l’opérateur émirati DP World dont l’Éthiopie détient 19% des actifs. Mais le MoU prévoit aussi l’implantation d’une base navale dans la zone côtière, ce qui évoque les principes de réalisme d’Alfred Mahan. L’auteur suggère qu’une marine forte offre un avantage stratégique en protégeant les intérêts vitaux d’un État. Les intérêts essentiels incluent la protection du commerce maritime, l’accès aux ressources mondiales, la sécurité nationale, et la projection de puissance. Ainsi, l’Éthiopie vise à renforcer sa présence maritime régionale tout en diminuant sa dépendance envers les ports djiboutiens jugés coûteux.

Les réactions et conséquences

Pour le Somaliland, le conflit civil de Las Anod en avril 2023 entraine la perte d’un tiers de son territoire. Le Président peine à rester au pouvoir et la véhémence à l’égard du pouvoir central somalien accentue les difficultés politiques internes. Cet accord serait donc l’opportunité d’obtenir une reconnaissance internationale. Cependant, l’Éthiopie, soucieuse d’éviter les tensions avec la Somalie, hésite à reconnaître immédiatement le Somaliland. Le pays privilégie une passation d’actifs d’Ethiopian Airlines.

Le Somaliland affirme son indépendance tandis que la Somalie demande le retrait de l’accord avant toute médiation avec l’Éthiopie. La communauté internationale quant à elle appelle au respect de l’intégrité territoriale de la Somalie. Le président égyptien, en conflit avec l’Éthiopie sur le barrage de la Renaissance, déclare qu’il protégera la Somalie contre toute menace. Cette affirmation souligne le risque d’une régionalisation du conflit.

Pour la première fois depuis l’accord, le 17 février, lors du 37ème Sommet ordinaire de l’Union africaine, les présidents somalien et éthiopien se retrouvent. C’est alors que le Président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, se voit empêché d’accès au siège de l’UA. L’incident débute à l’hôtel puis contraint de monter dans la voiture du chef d’État djiboutien. Ils se voient tous deux bloqués à l’entrée de l’enceinte de l’UA et doivent y entrer à pied. L’Éthiopie, quant à elle, justifie cet incident par la volonté de la délégation somalienne d’entrer armée dans l’enceinte de l’UA. Quoi qu’il en soit, cet incident reflète une violation du protocole diplomatique à l’encontre de Chefs d’État.

À l’issue du sommet, malgré le rappel de l’UA à l’Éthiopie sur les frontières intangibles, l’UA doit renforcer sa crédibilité. Une crédibilité nécessaire pour la garantie des principes de bonne séance et celle de ces décisions envers ces États-membres. Face à la lenteur d’une action concrète de l’UA sur son différend, la Somalie signe rapidement un accord de sécurité maritime avec la Turquie. La Turquie est déjà présente en Somalie avec sa plus grande base militaire et son centre de formation outre-mer.

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