Amérique

Obama et Blackwater : un « prince » mal avisé ?

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Machiavel l’avait pourtant bien expliqué dans son ouvrage Le prince (1513), un dirigeant avisé ne doit jamais faire reposer son action sur des mercenaires. Cependant, on apprend dans le New-York Times que le directeur de la CIA, Leon Panetta, n’a d’autre choix que d’en appeler au service d’une société militaire privée : Blackwater (ou plutôt Xe, comme elle a été renommée depuis 2009). Pourquoi la CIA en est-elle arrivée là et quelle est la face cachée de Blackwater ?

Al Qaïda est plus faible que jamais. Selon Leon Panetta, cela ne fait aucun doute. Et il vaut mieux car Barack Obama avance un plan risqué s’appuyant sur 98 000 hommes de l’armée de l’oncle Sam pour soutenir le gouvernement afghan et prévenir tout retour d’ Al Qaïda sur le territoire. La moitié des têtes pensantes du réseau terroriste auraient été abattues par les drones ainsi que des agents sur le terrain. Car l’heure tourne pour Obama qui doit apporter des résultats concrets de sa politique étrangère dans l’espoir de ne pas se retrouver en difficulté lors des élections de mi-mandat qui approchent à grand pas. De plus le projet de retrait des troupes dès 2011 a été inscrit au début de son mandat dans la loi, en précisant toutefois qu’il dépendrait des conditions sur le terrain. La CIA doit donc utiliser massivement les services d’ entreprises de sécurité pour effectuer le sale boulot et Blackwater figure en tête de ce triste listing.

Son fondateur, Erik Prince, néoconservateur convaincu, exploite les faiblesses américaines dans la région. Ancien navy, fils d’un riche industriel de l’équipement automobile, il prend, à la mort de ce dernier en 1995, les rênes des affaires familiales qu’il vend pour 1,3 milliard de dollars et fonde Blackwater Worldwide en 1997 à Moyock (Caroline du Nord). Un endroit encore utilisé comme siège par la société rebaptisée Xe (prononcer «Zi») et ses multiples filiales depuis le 13 février 2009 et comme camp d’entraînement. Blackwater a décroché ses contrats en Irak et en Afghanistan grâce aux relations de Prince avec les Bush ainsi qu’avec l’ex directeur de la CIA à l’anti-terrorisme de 1999 à 2002 Cofer Black et A.B. Krongard alors directeur exécutif (numéro 3) de la CIA .

Surfant sur la peur du terrorisme, la société voit ses revenus passer de 736 906 dollars en 2001 à 593 601 952 en 2006 pour un total de plus d’un milliard de dollars de 2001 à 2006. La société s’est taillé une sinistre réputation de bavures à répétition, notamment avec l’incident du 16 septembre 2007 où les miliciens tirent dans la foule et tuent 17 personnes et en blessent vingt autres sans raisons apparentes. Le 1er Octobre 2007 un rapport de la Chambre des représentants à recensé 195 fusillades impliquant Blackwater et dans 163 cas, les employés de Blackwater ont tiré les premiers.

Les soldats ne leur font aucune confiance et rapportent qu’ils ont souvent la gâchette facile. Pour enfoncer le clou, Erik Prince a déclaré que les gens tués par les agents de sa compagnie, « ne méritaient pas de vivre », lors d’un discours à l’Université du Michigan. Obama serait avisé de lire Le prince et de faire usage au mieux de la virtu !

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