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Les Brésiliens disent non aux Black Blocs

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A Sao Paulo, 95% des Brésiliens désapprouvent les actions des Black Blocs. Qui sont ces protestataires qui affaiblissent la cause pour laquelle ils luttent ?

Les Blacks Blocks. Ce groupuscule antimondialisation est apparu dans les années 80 dans les squats de Berlin et  a fait son premier coup d’éclat lors du forum de l’OMC à Seattle en 1999. Depuis juin 2013, ils se sont déployés au Brésil, agissant en marche des manifestations pour les droits sociaux qui essaiment dans le pays. Reconnaissables à leurs capuches et leurs vêtements noirs, ils affirment lutter pour les droits du peuple brésilien, mais leurs méthodes radicales et notamment leur recours systématique à la violence n’est pas vraiment du goût des autochtones. Leur mode opératoire, l’action directe, est simple : les appels au rassemblement sont lancés à partir des réseaux sociaux, ils s’infiltrent parmi les manifestants et en marge des rassemblements, s’en prennent à tous les symboles du capitalisme : banques, grandes chaînes de magasins, infrastructures publiques etc. jusqu’à l’affrontement direct avec les forces de l’ordre. Ainsi, à Sao Paulo la semaine dernière, un colonel de police a été roué de coups lors d’une manifestation pour la gratuité des transports publics pour les étudiants.

 

La réponse de la police brésilienne – répondre à la force par la force – est elle aussi controversée.

Néanmoins, la marge de manœuvre du gouvernement face à ce genre de groupuscule reste très faible.

Les Blacks Blocs sont des regroupements temporaires, sans structure hiérarchique ni organisation support, il est donc très difficile de les contrôler. Néanmoins, on peut se demander avec un peu de cynisme si le gouvernement n’aurait pas intérêt à « laisser-faire » les Blacks blocs, qui, en fin de compte servent ses intérêts. En effet, les manifestants pacifiques sont malgré eux assimilés par l’opinion publique à ces « casseurs ». Le taux de soutien aux manifestations n’a ainsi pas cessé de diminuer depuis l’arrivée des Black Blocs. D’autres avancent l’idée que les Black Blocs seraient là au contraire pour protéger la population des violences perpétrées par la police. Une théorie qu’il conviendrait peut-être de renverser : ne serait-ce pas pour répondre aux atteintes des Black Blocs que le gouvernement se voit contraint de recourir – peut-être à tort – à la force ?  Toujours est-il que ce mouvement porte un énorme préjudice aux manifestants, qui étaient à l’origine tous pacifistes. Aujourd’hui, leurs revendications – lutter pour des réformes d’intérêt national dans les domaines de l’éducation et la santé au lieu de dilapider l’argent du contribuable dans l’organisation de la Coupe du Monde – sont quasiment oubliées.

La menace Black Blocs est prise au sérieux par le gouvernement brésilien, d’autant que ceux-ci expriment clairement leur souhait de s’en prendre au mondial sur leur page Facebook. Au Brésil, la Coupe du Monde est-elle en train de se convertir en plateforme d’expression pour tous les groupes mécontents de l’action gouvernementale ?

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