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Crise vénézuélienne : l’État peut-il reprendre le contrôle ?

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Tandis que la crise économique que traverse le Venezuela depuis 2014 demeure toujours aussi forte, le président Nicolás Maduro a annoncé des mesures fortes pour tenter de rendre à l’État davantage de pouvoir dans la gestion de la crise.

Centre Commercial de la capitale Caracas, fermé pour économiser l'électricité. (Federico Parra / AFP)
Centre Commercial de la capitale Caracas, fermé pour économiser l’électricité. (Federico Parra / AFP)

Trois ans après la mort d’Hugo Chávez, l’instabilité au Venezuela est totale. Elle est la résultante d’une crise économique sans précédent, liée à la chute des cours pétroliers dont l’État Vénézuélien tirait la quasi-totalité de ses revenus. En 2013, le pays tirait 80 milliards de dollars de ses exportations pétrolières contre 25 milliards en 2015. Conséquence immédiate : une récession économique (-8,0%) un accroissement du déficit étatique et une hyperinflation (180,5% d’après le FMI l’an dernier) qui plonge le pays dans une situation compliquée. La population a du mal à s’approvisionner en produits de première nécessité – nourriture, médicaments entre autres – et de plus en plus d’habitants traversent les frontières du pays pour en trouver. Avec les conditions climatiques difficiles liée au phénomène El Niño et la fragilité de ses infrastructures, l’État a également dû rationner l’approvisionnement en électricité en limitant le nombre d’heures de travail dans les services publics, notamment les écoles, tandis que les établissements de santé affrontent un manque de ressources dramatique. De plus, la banque américaine Citibank a récemment décidé de fermer le compte utilisé par le Venezuela pour ses opérations à l’international, affaiblissant sa capacité financière et favorisant le risque d’une faillite à moyen terme.

Devant cette situation, le successeur de Chávez, Nicolás Maduro, est très affaibli depuis sa défaite lors des dernières élections législatives. L’opposition de centre-droit réclame un référendum pour destituer le président, principal responsable selon elle de la triple crise – économique, politique et sociale – qui touche le Venezuela. Toutefois, profitant de l’état d’exception décrété il y a plusieurs mois et afin de tenter de reprendre la main sur la crise, Maduro a prolongé l’état d’urgence économique le 13 juillet : « L’état d’exception et d’urgence économique est prolongé de soixante jours en raison des circonstances extraordinaires (…) qui affectent l’économie nationale ». De plus, il a militarisé les cinq principaux ports du pays, placés sous l’autorité du général Efrain Velasco Lugo, et a réquisitionné l’usine américaine Kimberly-Clark qui souhaitait mettre un terme à sa production de produits hygiéniques. L’armée vénézuélienne s’est vue attribuée une « grande mission d’approvisionnement » du pays, avec pour conséquence directe une déploiement militaire dans la plupart des centres de production et de distribution du pays, afin de faire face à la demande de la population et éviter les émeutes.

État d’urgence économique, militarisation des ports : la faillite est-elle inévitable?

Le président Maduro justifie ces mesures d’exception par l’état critique imposé à son pays par l’opposition politique et ses créanciers. Bien que spectaculaires ces mesures ne semblent pourtant pas suffisantes à redresser la situation. N’ayant pas diversifié son économie, le Venezuela demeure soumis à la fluctuation des cours pétroliers et semble enlisé dans un cercle vicieux que Nicolás Maduro ne semble pas pouvoir interrompre pour le moment. Surtout, l’économie vénézuélienne est bloquée, 80% des entreprises ne pouvant reprendre leur activité par manque de matières premières. La militarisation de la vie du pays pourrait également laisser planer l’ombre d’un conflit, qui n’aurait pour conséquence que d’approfondir la crise d’un pays pour lequel les prochains mois pourraient s’avérer décisifs. L’impact est déjà régional, puisque la crise vénézuélienne a commencé à affecter certains de ses voisins, comme Cuba, qui pâtit de la baisse des exportations pétrolières vénézuélienne.

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Lucas MAUBERT

Doctorant en Histoire à l'Université de Tarapacá (Chili). Diplômé de l'IEP de Rennes et de l'Université Rennes 2. Rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis 2016.

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