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Trump enterre le TPP

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L’annonce faite par le président élu des États-Unis, Donald Trump, de vouloir retirer son pays du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) dès son entrée en fonction pourrait définitivement enterrer le projet. Décryptage des conséquences que pourraient avoir une telle décision, notamment concernant la Chine et le TAFTA.

Carte des pays signataires du TPP
Carte des pays signataires du TPP

Le TPP (Partenariat Trans-Pacifique) est un traité de libre-échange qui fut signé le 4 février 2016 entre plusieurs pays américains et asiatiques. Il a pour but d’accélérer l’intégration économique des pays d’Amérique et d’Asie-Pacifique. Parmi les autres pays signataires on trouve notamment le Japon, le Vietnam, l’Australie, le Canada, le Pérou et le Chili. En outre, le traité régit de nombreuses thématiques : échanges de biens, propriété intellectuelle, droits de douanes, normes du droit du travail ou encore règlement des litiges commerciaux. Ces pays réunis forment environ 40% du PIB mondial et 800 millions d’habitants, formant la zone de libre-échange la plus importante au monde.

Toutefois, le successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche Donald Trump a réaffirmé sa volonté d’abandonner le projet dès son entrée en fonction le 20 janvier 2017, arguant qu’un tel accord pourrait s’avérer nocif l’économie étasunienne. Le président nouvellement élu craint que l’entrée en vigueur de nouvelles prérogatives puissent être préjudiciables et aient un impact in fine négatif sur l’emploi aux États-Unis comme aurait pu l’avoir l’ALENA (l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain). Trump préfère substituer le TPP à des traités bilatéraux qui « ramèneront les emplois et l’industrie sur le sol américain ». Cette décision devrait donc signer l’acte de décès du TPP, dans la mesure où l’absence des États-Unis dans cette nouvelle zone de libre-échange en ferait perdre la substance. Shinzo Abe, le premier ministre du Japon, a jugé à cet égard que l’accord ne pourrait être renégocié : « Le TPP sans les États-Unis n’aurait pas de sens ».

La voie ouverte à la Chine et à l’abandon du TAFTA ?

L’enjeu du TPP était diplomatique. L’impact économique dudit traité serait relativement faible selon les experts américains. Il surtout est issu d’une volonté de rééquilibrage commercial de Barack Obama – stratégie du « pivot vers l’Asie » – afin de concurrencer la Chine dans l’aire Pacifique. En effet, ce pays suit actuellement une politique d’expansion commerciale dans la région, comme l’a illustré le voyage du président chinois Xi Jinping en Amérique Latine la semaine passée. C’est pour cette raison que la Chine ne fait pas partie de l’accord : elle sait que cet accord est exclusivement dirigé pour contrecarrer l’expansion économique et politique chinoise dans le Pacifique. L’abandon du TPP offre un boulevard à Pékin : lors de son voyage Xi Jinping a annoncé un projet similaire – le RCEP (Partenariat Économique Global Régional) – incluant son pays mais excluant les États-Unis : il s’agirait d’un partenariat économique entre la Chine, l’Inde, l’Australie et les pays membres de l’ASEAN (l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est). Contrairement au TPP, cet accord n’engagerait pas de modifications de normes en matière environnementale ou de droit du travail. Parmi les signataires du TPP, Singapour, le Vietnam et l’Australie ont notamment déjà signalé un intérêt pour la proposition chinoise. L’enjeu est majeur pour la Chine, dont la croissance se tarit peu-à-peu depuis plusieurs année et elle se doit de trouver de nouveaux débouchés pour les exportations.

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis constitue donc un véritable changement économique et diplomatique pour le pays, avec une volonté affichée de retour au protectionnisme et à une politique isolationniste. Il a également annoncé pendant sa campagne électorale vouloir renégocier l’ALENA. Dans cette lignée, les Européens sont dans l’attente d’une réponse du concernant le très décrié TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement) qu’il n’a jamais mentionné et qui devrait être « mis au congélateur » selon la commissaire européenne au commerce, Cecilia Malmström.

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Lucas MAUBERT

Doctorant en Histoire à l'Université de Tarapacá (Chili). Diplômé de l'IEP de Rennes et de l'Université Rennes 2. Rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis 2016.

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