Obama en Inde pour renforcer la politique d’exportations américaine
Quoi de mieux qu’une visite à l’étranger pour (tenter d’) oublier une défaite cuisante aux midterms ? En effet, le président américain Barack Obama est aujourd’hui en Inde, pour affirmer le lien plus que stratégique que Washington maintient avec Delhi. L’objectif est clair, pour les Etats-Unis : doubler les exportations vers l’Inde d’ici cinq ans, et créer des millions d’emplois là-bas. Les Etats-Unis (et leurs entreprises) ont compris une chose : pour reconstruire les bases économiques du pays, il faut aider les entreprises américaines à mieux vendre leurs produits et services auprès de 95% de leurs acheteurs, situés hors des Etats-Unis.
Mais une question se pose : qu’est-ce que l’Inde et sa croissance annuelle de 9% peut retirer de cette visite d’Obama ? Les Etats-Unis sont en pointe au point de vue industriel, de la défense, des biotechnologies, etc. Autrement dit, que des technologies dont les Etats-Unis sont entièrement propriétaires. L’Inde espère donc, par ce partenariat, de nombreux transferts de technologie. Mais déjà, aux Etats-Unis, beaucoup s’inquiètent de cette politique d’externalisation massive, qui pourrait entrainer plus de méfaits (surtout au niveau de l’emploi) que de bienfaits.
L’Inde, quant à elle, veut avant tout mettre à profit sa bonne entente avec les Etats-Unis. Certes, ceux-ci sont davantage préoccupés par la Chine et le Pakistan, tout simplement par qu’ils leur posent plus de problèmes ! Cela n’a rien à voir avec un éventuel « avantage » qu’auraient les deux voisins de l’Inde par rapport à elle ! Mais il ne faut pas non plus que ses prétentions soient trop élevées. Elle réclame un siège permanent au Conseil de Sécurité : les prétendants sont nombreux, et l’Inde pourrait tout à fait être la première à être choisie, au vu de sa « neutralité » relative et de sa puissance économique.
Cependant, attention à ne pas s’enfermer dans une mono-relation militaire avec les Etats-Unis. Ceux-ci cherchent avant tout un débouché pour leurs exportations d’armement, et seulement ensuite un fidèle allié dans la région. La déclaration de M. Chandra, ancien envoyé indien à Washington qui disait que « l’Inde ne mettrait jamais ses œufs dans le même panier, même si les USA peuvent être le plus grand panier de tous » indique bien cela : une Inde qui cherche à être amie avec tout le monde (Europe, ASEAN, Etats-Unis), qui ne pose pas de problèmes aux grandes puissances actuelles (au niveau diplomatique !). Quitte à apparaître trop lisse aux yeux de tous, moins virulente que le voisin chinois par exemple. Un soft power à l’indienne, en somme.