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En exécutant Ben Laden, les Etats-Unis rouvrent leur boîte de Pandore

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Presque dix ans, une guerre à moitié gagnée, une désaffection (voire un rejet, pour certains) de leur politique étrangère : voilà ce que la traque d’Oussama Ben Laden aura à peu près coûté aux Etats-Unis. Mais reconnaissons l’évidence : les Etats-Unis sont parvenus à leur but fixé au soir du 11 septembre : éliminer celui qu’ils considèrent comme l’auteur de la plus grande attaque terroriste jamais menée dans l’histoire. Néanmoins, les conditions de sa mort et beaucoup d’autres facteurs peuvent faire penser que l’on est en réalité passé à une seconde phase d’un « militaro-terrorisme » généralisé.

Premièrement, les conditions de la mort de l’ex ennemi n°1 des Etats-Unis. Un Ben Laden qu’on disait non armé au moment d’une attaque très rapide et préparée de longue date, en plein territoire pakistanais (et non dans une zone « de guerre »). Un corps immergé à la va-vite au large de l’Afghanistan, quelques heures seulement après l’attaque. Des photos dont on ne connaitra probablement jamais (sauf revirement contraire) la substance. Tous ces faits ne peuvent que contribuer à réveiller les instincts conspirationnistes des fervents défenseurs de la théorie du complot. Mais surtout exacerber le rejet encore plus profond d’une partie de la population pakistanaise à l’égard de leur propre gouvernement, et bien évidemment des Etats-Unis.

Cela amène à penser l’interrogation suivante : fallait-il tuer Ben Laden ? La réponse est évidente : oui, mais certainement pas dans de telles conditions. De telles conditions qui font naitre un doute profond, et qui mettent le Pakistan au centre de toutes les attentions. Sa police secrète, l’ISI, affirme n’avoir jamais été au courant de la présence de Ben Laden dans cette « cachette », en plein cœur d’une des villes les plus proches du Waziristân, là où l’on pensait que Ben Laden se terrait véritablement. Mais cela ne nous apprend rien de plus que l’on ne savait déjà : le Pakistan protège certains talibans, car il serait contre-productif d’aider les armées étrangères à tuer les frères pachtouns afghans ! A cela s’ajoute désormais la haine que certains Pakistanais porteront à leurs gouvernants d’avoir souhaité (indirectement) la mort de Ben Laden.

Les Etats-Unis se sont donc débarrassés de Ben Laden, mais n’ont en réalité pas coupé la tête d’Al-Qaïda. La véritable « descendance » du mouvement se trouve désormais en Afrique du Nord-Ouest, là où l’AQMI sévit contre des intérêts étrangers. Reste à Obama à faire avaler au conservateur américain le retrait des troupes de l’Afpak, puisque l’objectif premier vient d’être atteint. En apparence, seulement…

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