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L’Amérique du Sud et les Caraïbes : quels enjeux à la COP 27

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L’Amérique du Sud et les Caraïbes sont particulièrement exposés aux effets du changement climatique. Ne serait-ce qu’en matière de montée des eaux et d’évènements extrêmes, 27% de la population régionale vit actuellement au sein de zones côtières (WMO, 2021). La COP 27 et les futures négociations internationales représentent ainsi des enjeux cruciaux pour la région. Des enjeux sur lequels il mérite de s’attarder.

L’Amérique Latine et les Caraïbes : quels enjeux à la COP 27
Ouragan Julia, 2022

Une victime peu fautive

Responsables de 8% des émissions de gaz à effet de serre mondiales, les régions de l’Amérique du Sud et des Caraïbes subissent d’ores et déjà de plein fouet les menaces du changement climatique. Des évènements climatiques extrêmes, tels que le cyclone Julia et l’ouragan Lisa, testent régulièrement les capacités des populations locales en matière d’adaptation et de prévention des risques de catastrophe.

Le Honduras, par exemple, s’est vu estimé ses pertes annuelles liées aux catastrophes climatiques à hauteur de 3% de son PIB. En novembre dernier notamment,  près de 100 000 de ses citoyens étaient affectés par le cyclone Julia. Deux ans plus tôt, ce sont plus d’1 million de personnes qui migraient d’Amérique Centrale vers le nord du continent, dont 1/3 d’Honduriens, à la suite des ouragans Eta et Iota. Une période trop courte pour reconstruire le foyer de certaines familles, fait aggravant leur vulnérabilité face aux changements climatiques.

Chaque fraction de degré compte

Le changement climatique pourrait accroître l’insécurité alimentaire de certaines zones de la région. En effet, les évènements extrêmes, la déplétion des terres et la déforestation affectent les modalités locales de transport  et les rendements agricoles. Au Pérou, par exemple, l’accès aux ressources alimentaires de base pourrait s’aggraver. Le nombre de soupes populaires s’est déjà accru du fait de la Covid-19, d’une inflation à hauteur de 8,41%, et de la guerre en Urkaine limitant l’importation de blé et de maïs. En octobre dernier, le journal The New Humanitarian, inscrivait ainsi le Pérou comme « Emerging Hunger Hotspot » (Point Chaud Emergent de Famine).

Face à ces changements, « chaque fraction de degré compte » rappelle Inger Andersen, directrice exécutive de l’UNEP. Pour illustrer ce propos, nous pouvons notamment prendre l’exemple du corail, zone de protection et de reproduction de nombreuses espèces marines. Selon un rapport du WWF, 70 à 90% de ces coraux d’eau chaude périraient avec un réchauffement de 1,5°C. A 2°C, ce chiffre passe à 99% (WWF, 2022).

Des actions climatiques insuffisantes

Imaginons-nous un instant conserver le même niveau d’actions climatiques dans les années à venir. Si tel s’avère être le cas, les chercheurs s’accordent aujourd’hui sur une augmentation de la température mondiale de 2,8°C d’ici la fin du siècle. Pour limiter cette augmentation à 1,5°C, engagement renouvelé à la COP 27, nous devons faire passer nos émissions carbones de 58 Gigatonnes par année à 35, soit une réduction de 45% en 8 ans.

Les résultats des négociations climatiques internationales, notamment à la COP 27, sont cruciaux pour les régions d’Amérique du Sud et des Caraïbes. Plus de 17 millions de personnes, d’ici à 2050, pourraient être en proie à la migration, si aucune action internationale significative n’est prise (Banque Mondiale, 2022). Pour illustration, la Banque Mondiale prédit déjà une hausse du taux de population touchées par les inondations de 200% en Colombie, au Brésil et en Argentine, de 300% en Equateur et de 400% au Pérou. Au-delà de ces chiffres, ce sont entre 2,4 et 5,8 millions de personnes qui pourraient bien basculer dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030.

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Gabrielle FRANCK

Gabrielle FRANCK est étudiante de niveau master, poursuivant un double diplôme «International Relations and Politics and Public Administration» dans les universités partenaires Charles (Prague) et Konstanz (Allemagne).

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