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La mer Baltique, une zone stratégique ravivant des tensions

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De nombreux incidents ont eu lieu ces derniers mois en mer Baltique. Le 26 janvier 2025, un navire a endommagé un câble de fibre optique reliant la Suède et la Lettonie. Suite à des suspicions de sabotages, les autorités ont appréhendé un bateau bulgare. Plus récemment, le 2 mars dernier, la Suède a pris la décision d’ouvrir une enquête pour sabotage. Une pompe à eau située sur l’île de Gotland, en mer Baltique, a été débranchée.

Le caractère répété de ces incidents sur des infrastructures énergétiques mais aussi principalement de communication a de quoi interroger. Soumis à ces différentes complications, les pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont décidé de réagir. 

Le “lac de l’OTAN”, une zone stratégique

Carte de la mer Baltique.
Carte de la mer Baltique. Licence Creative Commons (CC).

Si le contexte en mer Baltique semble plus fragile que jamais, c’est en grande partie dû à un contexte géopolitique de plus en plus délicat dans la zone.

En effet, si la question des câbles sous marins est si importante, c’est notamment car ce sont par eux que transitent 99% de l’ensemble du trafic internet. Ces derniers sont primordiaux aux bonnes communications et transmissions.

La mer Baltique possède également une position stratégique. Neuf pays lui sont frontaliers, tous membres de l’OTAN à l’exception de la Russie qui y accède par le biais des ports de Saint-Pétersbourg et de l’enclave de Kaliningrad. Cette situation est nouvelle depuis l’intégration de la Suède et de la Finlande à l’OTAN à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Des suspicions d’attaques et de sabotages depuis plusieurs mois 

Quelques années plus tôt, l’affaire Nord Stream avait fait grand bruit. Bien que l’on considère parfois les incidents de navires sur les câbles comme accidentels, la volonté de nuisance de ces actions est souvent questionnée.

En décembre 2024, à nouveau, des bateaux ont endommagé le câble Estlink-2, qui relie la Finlande et l’Estonie. Des suspicions sont émises envers la Russie. En effet, les autorités finlandaises ont détecté un navire pétrolier suspect, le Eagle S et l’ont arrêté. Elles le soupçonnent de faire partie de la flotte fantôme russe. L’enquête est toujours en cours. 

Les réponses de l’OTAN face à ces incidents 

Le drapeau officiel de l'OTAN.
Logo de l’OTAN.

L’Estonie et la Suède avaient déjà mis en place des patrouilles supplémentaires depuis plusieurs mois. Toutefois, face au caractère répété de ces incidents, les dirigeants des pays de l’OTAN se sont réunis le 14 janvier dernier afin de prendre des mesures supplémentaires. Parmi celles-ci, le déploiement de davantage de patrouilles sur la zone pour en renforcer son contrôle. L’OTAN souhaite que les pays mettent en commun leurs efforts sur l’enjeu de réparation des câbles et coopèrent davantage. L’organisation déploiera des avions, des bateaux et des drones pour surveiller la zone.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Layen, a également apporté son soutien. Elle a mentionné sa « solidarité totale » envers les pays concernés et a rappelé sur le réseau social X que « la résilience et la sécurité de nos infrastructures critiques est une priorité absolue ». 

Un exemple de guerre hybride en mer Baltique ? 

Bien que l’on ne puisse pas qualifier ces incidents de manière définitive de sabotages, on pourrait néanmoins les assimiler, si tel est le cas, à une forme de guerre hybride. La guerre hybride est un moyen de mener une guerre contre un État de façon multiple et en ne passant pas nécessairement par l’usage des armes. En jouant souvent avec les limites estimées de conflits ouverts, les acteurs de la guerre hybride affaiblissent leur ennemi sans que leur responsabilité en soit forcément engagée. Elle peut, par exemple, prendre la forme de campagnes de désinformation ou encore de cyberattaques. 

Les prochains mois seront décisifs pour comprendre si les mesures prises par l’OTAN seront efficaces. L’enjeu restera de pouvoir déterminer le caractère plus ou moins volontaire de ces dégradations.

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Marie Peltier

Marie Peltier est diplômée de Sciences Po Rennes et s'intéresse tout particulièrement aux enjeux du Moyen-Orient ainsi qu'aux questions de défense.

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