L’année 1948 : de la reconstruction européenne à la partition des Indes
Alors qu’en Europe, les nations s’organisent pour établir une reconstruction efficace du Vieux Continent, des conflits encore non-résolus aujourd’hui éclatent en Asie et au Proche-Orient.
En Europe, l’année 1948 marque la mise en application des principes édictés par le plan Marshall. A l’initiative des Etats-Unis et du général qui porte son nom, le plan Marshall est un programme d’aide à la reconstruction européenne à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Il est formulé en 1947 et très vite salué par les états européens tant pour son ampleur financière (l’équivalent de 150 milliards de dollars actuels seront versés par les Etats-Unis pour la réalisation de ce plan) que pour son étendue politique (16 pays plus la RFA rejoindront ce plan). Le 16 avril une Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE) est créée afin d’assurer la répartition de l’aide américaine. Sur le plan géopolitique, le plan Marshall constitue l’un des tout premiers différends de l’affrontement entre les Deux Grands, l’URSS condamnant fermement l’attitude américaine.
Les Soviétiques imposeront d’ailleurs à la Tchécoslovaquie de refuser l’aide américaine. En 1948, la démocratie tchécoslovaque cède face aux pressions communistes lors du Coup de Prague. Le président Benès est contraint de demander la démission du gouvernement le 25 février et le président du parti communiste du Conseil Klement Gotttwald, acteur décisif dans les arrestations massives d’opposants au communisme, obtient les pleins pouvoirs. Au mois de juin 1948, l’URSS entame un blocus de Berlin-Ouest, pour protester contre la non-consultation des soviétiques dans la mise en place d’une nouvelle monnaie en Allemagne, le Deutsche Mark. Dans les faits, le blocus est un échec : Berlin-Ouest sera ravitaillée par un pont aérien occidental jusqu’à l’abandon du projet soviétique en mai 1949.
En Asie, la partition des Indes de 1947 donne naissance à de violents affrontements entre Indiens et Pakistanais. Précipitée par le Congrès indien malgré le refus catégorique de Mohandas Gandhi, la partition des Indes a pour ambition première d’éviter une guerre civile entre musulmans et hindous. Mais les deux pays s’affrontent dès la séparation à propos de trois états, dont le Cachemire fait partie. Ce dernier est peuplé à majorité de musulmans, mais le maharadjah de cet état princier étant hindou, celui-ci décide dans un premier temps de rattacher le Cachemire à l’Inde. S’ensuit une invasion pakistanaise de l’état, et plus d’un an de guerre jusqu’au 1er janvier 1949 date à laquelle un cessez-le-feu est institué.
Au Proche-Orient, le mandat britannique sur la Palestine expire le 14 mai 1948. Les Palestiniens refusent le plan de partage voté par l’ONU en 1947. Les armées arabes déclenchent la première guerre israélo-palestinienne. Mais bien trop peu équipées, celles-ci s’inclinent face aux forces israéliennes : pour les Arabes c’est la Nabka (« la catastrophe »), des centaines de milliers de Palestiniens sont contraints à l’exil.
En bref :
– 1er janvier : entrée en vigueur du General Agreement on Tariff and Trade (GATT). Ancêtre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), celui-ci instaure des règles de « bonne conduite » pour les échanges commerciaux internationaux et symbolise l’entrée dans l’ère de la mondialisation économique.
– 30 janvier : Mohandas Gandhi est assassiné par un nationaliste hindou ; plus d’1 million de personnes assisteront à ses funérailles.
– 15 février : proclamation de la République Populaire de Corée du Nord – proclamation de la République de Corée (Corée du Sud) le 15 août.
– 30 avril : création à Bogota de l’Organisation des Etats Américains (OEA), dont le rôle principal est d’assurer le maintien de la paix sur l’ensemble du continent américain.
– 14 mai : proclamation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion.