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Le pape François au Sri Lanka

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Mardi 13 janvier 2015, le pape François débute son 7ème voyage en dehors d’Italie en se rendant à nouveau en Asie. Après le Brésil, le Proche-Orient (Israël, Palestine et Jordanie), la Corée du Sud, l’Albanie, la France (institutions européennes de Strasbourg) et la Turquie, le pape d’origine argentine poursuit sa mission dans une terre insulaire, aux marges de la communauté catholique. Sa Sainteté se rend à Colombo, la capitale du Sri Lanka, avant de poursuivre son périple aux Philippines, archipel asiatique avec lequel il partage des racines communes, empreintes de catholicisme latino-américain.

Jorge Mario Bergoglio est le premier pape originaire du continent américain
Jorge Mario Bergoglio est le premier pape originaire du continent américain

Le pape François débute l’année 2015 par un nouveau voyage en Asie alors qu’il n’a pas encore rendu visite au continent africain. Sa culture jésuite explique en partie ce choix étrange : le Sri Lanka ne renferme qu’une minorité de catholiques (environ 7 % de la population) et la tradition des missionnaires jésuites imprègne l’action du pape qui souhaite toucher prioritairement les populations aux confins du catholicisme et non en son centre. En outre, l’Afrique n’offre pas actuellement les conditions sécuritaires suffisantes pour accueillir le pape et pour l’instant aucun séjour pontifical n’y est prévu.

L’arrivée du pontife à Ceylan est l’occasion idéale pour annoncer un message de paix et de réconciliation aux Sri Lankais d’abord, au monde entier ensuite. Après une année 2014 particulièrement troublée par l’augmentation de la violence armée dans de vastes zones sur tous les continents, le choix du Sri Lanka semble tout à fait judicieux. En effet, après 37 ans de guerre civile ayant causé plus de 100 000 morts, le Sri Lanka demeure un État clivé entre les populations tamoule et cinghalaise. Or, les catholiques du pays appartiennent aux deux communautés. La diplomatie vaticane mise sur ses ouailles sri lankaises pour former le trait d’union entre deux peuples qui s’affrontent depuis que les colons britanniques les ont divisés pour mieux régner. C’est donc en médiateur respecté et écouté que se présente le pape François.

Notons que le voyage du Saint-Père s’inscrit dans un contexte de transition politique au sommet de l’État sri-lankais. En effet, le 8 janvier 2015, Maithripala Sirisena devenait le nouveau président du Sri Lanka, en succédant au président sortant Mahinda Rajapaske, le vainqueur nationaliste bouddhiste de la rébellion des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) en 2009. L’ancien président a accepté sa défaite et la transition s’est déroulée sans heurts majeurs ce qui est suffisamment rare dans le capitale pour être mentionné.

Le calme après la tempête, une incongruité sri-lankaise…

Ce double événement, formé par l’élection du nouveau président sri-lankais et la visite du pape François, représente le symbole d’un nouveau départ pour une nation encore meurtrie par la guerre civile. Le souverain pontife a d’ailleurs appelé le peuple sri-lankais et ses autorités à faire la lumière sur les atteintes aux droits de l’homme, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés durant le conflit par les deux belligérants. Autre symbole d’apaisement et d’espoir pour les habitants de l’antique Taprobane (comme la nommaient les Grecs anciens), la canonisation du missionnaire Joseph Vaz qui devient ainsi le premier saint du Sri Lanka, 3 siècles après son décès en 1711, à Kandy dans le massif montagneux du centre de l’île. Il s’agit là bien d’un symbole dans son sens étymologique d’union, de rassemblement et de réconciliation. Assurément un message de paix et d’espoir qui touche tous les Sri-lankais, tous les catholiques et au-delà l’ensemble de la communauté internationale…

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Rémy SABATHIE

Secrétaire général et rédacteur géopolitique pour Les Yeux du Monde, Rémy Sabathié est analyste en stratégie internationale et en cybercriminalité. Il est diplômé de géopolitique, de géoéconomie et d’intelligence stratégique.

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