70 ans du régime Nord Coréen : Kim Jong-Un passe à la maturité mais à quel prix ?
Alors que le Parti Communiste de Corée du Nord a fêté ses 70 ans le 10 octobre dernier, Kim Jong-Un en est à sa troisième année au pouvoir. La politique dépendant de l’assise et de la personnalité du cher leader, comment a-t-elle évoluée depuis sa prise de fonction et de quelle marge de manœuvre dispose –t-il ?
Alors que son arrivée à la tête du pouvoir à Pyongyang en avril 2012 laissait augurer d’un possible changement de trajectoire pour le pays, Kim Jong-Un en a surpris plus d’un. Les déclarations appelant à cesser la confrontation entre Nord et Sud et à créer un géant économique se sont rapidement tues à mesure que Kim Jong-Un affermissait sa mainmise sur le pouvoir. Il est probable que la stratégie initiale d’apaisement ait d’abord été fortement soufflée par le voisin chinois qui désire régler le problème coréen sans pour autant que la réunification éventuelle ne se fasse au bénéfice de la Corée du Sud. Situation qui reviendrait à repousser jusqu’au territoire chinois les frontières d’une nation alliée des Etats-Unis. Dans le même temps, la Chine accroissait ses prétentions régionales et il devenait difficile politiquement et diplomatiquement de soutenir la Corée du Nord tout en demandant aux autres nations d’être bienveillantes quant à ses revendications maritimes et territoriales.
Mais Kim Jong-Un a depuis purgé ses cercles proches de toute velléité de contrôler ses mouvements, de même qu’il a relancé le programme nucléaire nord-coréen et les tests de missiles balistiques. Le premier mouvement de cette stratégie intervenant en 2013 avec l’annonce par la Corée du Nord d’un nouvel essai nucléaire. Kim Jong-Un a aussi procédé à plusieurs tirs d’artillerie sur des territoires sud-coréens proches et a demandé à son armée de se tenir prête au combat en août dernier. Des gesticulations qui rappellent plus celles de son père que son début de règne. Ces manœuvres agressives ont continué jusqu’au défilé du 70ème anniversaire de la création du parti communiste nord-coréen le 10 octobre dernier.
Kim Jong-Un est certainement conscient du fait que le régime Nord-coréen n’est pas tenable. Mais la transition pacifique vers laquelle la Chine semblait le pousser au début lui ferait très probablement perdre son pouvoir absolu. En un sens il a tout compris de son poste actuel.
Kim Jong-Un joue donc au dictateur tout puissant autant qu’il le peut encore, alors que la Chine s’agace toujours plus de sa conduite. La question est de savoir combien de temps ce sinistre manège peut continuer alors que les prétentions chinoises sur les îles Spratley s’affirment et commencent à engager un axe Chine/Asie du Sud-Est+ Etats-Unis. Dans ce contexte tendu Pékin ne supportera pas une provocation de plus de la part de son voisin nord-coréen.