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Où en sont les investissements chinois en France ?

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Nombreux sont les observateurs qui considèrent la Chine comme un ogre, trônant sur ses larges réserves de changes de plus de 3500 milliards de dollars et sur son colossal fonds souverain de 675 milliards de dollars, prête à engloutir une à une les entreprises françaises. La Chine fait peur, la Chine impressionne. Pourtant, contrairement aux idées reçues, l’investissement chinois en France demeure modeste bien qu’amené à progresser.

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Les répercussions des investissements chinois sur l’économie française

Si la Chine est une terre d’accueil des investissements étrangers depuis le début des réformes économiques de libéralisation instaurées par Deng Xiaoping en 1978, ses premiers investissements à l’étranger ne datent que de 2003, sous l’effet de la politique d’internationalisation de ses entreprises.  Aujourd’hui, la Chine est un acteur incontournable des investissements directs à l’étranger. Preuve en est, depuis janvier 2015, les IDE sortant de la première puissance commerciale ont dépassé ses IDE entrant pour atteindre 130 milliards de dollars. En Europe, et plus spécifiquement en France, les investissements de la Chine restent encore maigres. En 2014, sur les 18 milliards de dollars investis en Europe, seuls 1,6 se destinaient à la France. Les investisseurs chinois déplorent un niveau d’ouverture insuffisant, un droit du travail trop rigide et une moindre résistance à la crise de la dette comparée à l’Allemagne ou à l’Angleterre. Loin derrière les Pays-Bas (434 milliards de dollars), le Luxembourg (397 milliards de dollars) ou les Etats-Unis (304 milliards de dollars), la Chine est le 16e  investisseur en France sur la période 2009-2013 avec un investissement d’environ 12 milliards de dollars.

Un pays attractif

Toutefois, la France reste un pays attractif pour la Chine, et ce à de nombreux égards. Les liens historiques forts entre les deux pays, depuis la reconnaissance précoce de la République Populaire de Chine en 1964 par de Gaulle, contribuent à renforcer leurs relations bilatérales. La France est perçue par Pékin comme un acteur majeur de la scène géopolitique mondiale, en tant que membre permanent du très restreint Conseil de Sécurité de l’ONU.

En outre, les investissements chinois en France s’inscrivent dans une logique économique,  ciblant en priorité  5 secteurs : l’énergie, l’aéronautique, l’automobile, le ferroviaire et l’agroalimentaire.  Premièrement, les firmes chinoises cherchent à étendre leur marché, à l’instar de Lenovo qui tente de percer le marché du high-tech français. Deuxièmement, elles espèrent des transferts de technologie et de savoir-faire : la hausse des salaires en Chine pousse les industriels à monter progressivement en gamme pour rester compétitifs. Ainsi, Dongfeng a racheté 14% des parts de PSA en 2014, avec le projet de créer un centre de Recherche et Développement commun. Troisièmement, elles s’appuient sur la notoriété et sur la force économique des entreprises françaises pour conquérir leur propre marché intérieur. En témoigne le rachat, en 2012, du château Bellefont-Belcier (un grand cru classé de Saint-Emilion) par un industriel chinois pour lancer sa société de distribution de vin en Chine. Enfin, en investissant en France, les investisseurs chinois achètent également l’Etat de droit, un label de qualité et de confiance pour  son marché intérieur : les normes sanitaires en Chine sont faibles et pas toujours respectées, à l’origine de graves scandales comme l’affaire du lait frelaté de l’entreprise Sanlu en 2007.

La crise de la dette dans laquelle la France est embourbée depuis 2008 explique grandement la hausse des investissements issus de Chine, multipliés par 16 entre 2005 et 2012. Les entreprises françaises ont besoin des liquidités des fonds d’investissement et des ouvertures au marché intérieur chinois, en pleine croissance quand le marché français est saturé, inhérentes aux fusions-acquisitions. Cela dit, la crise économique a également contribué à creuser l’asymétrie d’intérêt entre la France et l’Allemagne, jugée plus résistante. Aujourd’hui, l’Allemagne, premier investisseur européen sur le marché chinois, est de loin le pays de l’UE le plus important aux yeux de la Chine, de quoi reléguer au second plan la France. Finalement, l’invasion chinoise n’est pas prévue pour demain.

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