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La Chinafrique : concept fantaisiste ou réalité ?

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L'étendue des relations économiques entre la Chine et le continent africain suscitent des critiques sur la scène internationale, et les accusations de violations des droits de l'Homme à l'encontre la Chine se sont multipliées ces dernières années.
L’étendue des relations économiques entre la Chine et le continent africain suscitent des critiques sur la scène internationale, et les accusations de violations des droits de l’Homme à l’encontre de la Chine se sont multipliées ces dernières années.

L’Afrique sera-t-elle un jour maître de son destin ? Colonisations, interventions militaires, ingérence politique et économique sont tant de phénomènes fréquemment imputés aux « partenaires », historiques ou contemporains, du continent du siècle. Avec une croissance en légère baisse estimée à 4,2% en 2015, l’Afrique n’a de cesse de révéler au grand jour son extraordinaire potentiel commercial, et contribue à aiguiser les appétits. La Chine, géant économique qui fait frissonner les grandes puissances, a annoncé le 4 décembre dernier l’octroi d’une aide de 60 milliards de dollars au continent africain. Mais à quel prix ? Point sur une alliance économique aux contours ambigus.

Aux origines d’un partenariat économique controversé

Le cuivre, l’aluminium, ou encore le pétrole. Tel est le ciment des relations privilégiées entre le continent africain et la puissance chinoise. L’objectif pour la Chine ? Assurer son approvisionnement en matières premières. Avec une population de plus d’1 milliard d’habitants et une volonté de se désengager économiquement du Moyen-Orient au début des années 2000, la Chine, de plus en plus gourmande pour pouvoir contenter le bond économique qu’elle engage à cette période, a plus que jamais besoin d’assouvir ses appétits.

Le deal ? La nouvelle puissance s’engage à apporter son savoir technique, sa main d’œuvre, mais aussi et surtout ses moyens financiers à l’Afrique afin de permettre au continent d’accéder à des infrastructures (routes, réseau électrique etc), avec, pour contrepartie, la primeur sur la distribution de ses ressources. Devenu premier partenaire de l’Afrique en 2009, ce serait, selon Zhang Ming, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères « plus de 2 000 entreprises chinoises [qui] interviennent dans 50 pays et ont achevé plus de 1 000 projets, dont 2 200 km de voies ferrées et 3 530 km de routes ».

L’heure d’un premier bilan : l’Afrique face à ses démons

15 ans plus tard, le constat d’un partenariat en apparence équitable reste cependant mitigé, au point que certains dénoncent l’émergence d’une véritable Chinafrique. Si la Francafrique, terme crée par le Président ivoirien Houphouët Boigny, est encore fustigée aujourd’hui en ce qu’elle permettrait à l’ancienne puissance coloniale d’exercer une influence politique sur le continent, la Chinafrique se traduirait plutôt par une ingérence économique accrue et un non respect des droits de l’Homme dans le cadre de ses interventions sur le terrain. Violations du droit du travail, corruption, soutien à des dictatures, sont autant d’accusations qui pèsent sur les investisseurs et politiques chinois.

Cependant, depuis quelques années, un autre pan de l’intervention chinoise en Afrique à été révélé au grand jour : la vente d’armes, légale ou illégale. Pire encore, les soupçons d’une ingérence politique se multiplient. Selon les journalistes Serge Michel et Michel Beuret, auteurs de l’ouvrage « La Chinafrique », la Chine aurait largement contribué à la tentative de renversement du Président tchadien Idriss Déby par les Forces Unies pour le Changement (FUC), en 2006. Mais aucune voix ne s’élève sur le continent pour confirmer l’existence d’une telle influence, bien au contraire. Selon le Président de l’Union africaine Robert Mugabé le 5 décembre dernier; « Il [le Président chinois], fait ce que nous attendions de la part de ceux qui nous ont colonisés. »

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