La pollution en Chine, un danger pour le PCC
En Chine, la pollution de l’air et l’importante pollution des ressources en eau mettent une forte pression sur le gouvernement. Les conséquences sont en effet multiples et très problématiques. Les coûts liés à la pollution en Chine atteindraient environ 6,5% du PIB, ce qui représente en 2014 près de 700 milliards de dollars. Les effets de la pollution sur la santé des Chinois augmentent une grogne populaire qui effraye le Parti Communiste Chinois (PCC) car remettant en question la capacité du parti à respecter le pacte implicite qu’il a avec le peuple chinois : une acceptation relative de la dictature communiste contre une augmentation spectaculaire du niveau de vie (doublement du smic tous les 4-5 ans).
Le principal coupable dans la mauvaise qualité de l’air ou de l’eau en Chine est le charbon. Il est la principale source d’énergie en Chine qui a accompagné la transformation du pays : croissance du PIB à une moyenne de +10%/an et transition démographique faisant passer la population urbaine de 36% en 2000 à 53,7% en 2015 et à 60% en 2020. Le charbon représente en 2014 64,2% du mix énergétique et la Chine consomme la moitié des ressources mondiales de charbon. La production de charbon a atteint 3,68 milliards de tonnes en 2015, et malgré une baisse de 3,5% sur un an la production devrait atteindre son « pic » au milieu de la prochaine décennie, sûrement au dessus des 4 milliards de tonnes.
Une autre des raisons de la rapide dégradation de la qualité de l’air est la croissance du parc automobile ; en 2014, 17 millions de nouvelles voitures sont arrivées sur les routes du pays totalisant 154 millions de voitures dans le pays (27 millions en 2004).
La qualité de l’air a atteint des niveaux dramatiques
En Chine, 1,2 millions de personnes décèdent chaque année du fait de la pollution atmosphérique. Au Nord du pays, la rivière Huai qui délimite (au nord) une zone industrielle d’une zone résidentielle montre une différence de vie de 5,5 ans entre le nord et le sud de la rivière. Un récent sondage indique que 76% de la population chinoise considère que la pollution de l’air est un problème très grave ou relativement grave. Le nombre d’incidents (manifestations) liés à des problèmes environnementaux a augmenté de 31% en 2013 par rapport à l’année précédente. La question environnementale en Chine catalyse les oppositions et le gouvernement, s’il est obligé de travailler avec les ONG sur cette affaire, prend beaucoup de précautions pour ne pas faire de ces organisations des porte-voies de l’opposition au régime.
Car malgré tout le gouvernement chinois fait montre d’un certain volontarisme sur la question
Le PCC a su prendre la bonne mesure du risque que faisait courir la pollution sur la stabilité de son pouvoir. Une nouvelle loi en mai 2014 a renforcé la lutte pour la protection du climat et le pays a joué un rôle majeur à la COP21 en 2015. En outre, le pays truste la première place du classement des pays qui investissent le plus dans les énergies renouvelables avec $90 milliards d’investissements (la seconde place est occupée par les Etats-Unis avec $51 milliards). Le gouvernement chinois oblige depuis janvier 2014, 15 000 usines dont des usines publiques à publier en temps réel leurs émissions atmosphériques. Des subventions à hauteur de $6,4 milliards ont été accordées aux centrales de charbon pour qu’elles mettent à jour leur outil industriel.
Cependant la nature bureaucratique et centralisée de l’administration chinoise rend difficile la tâche et fin 2015, un rapport a estimé que les émissions chinoises devaient être réévaluées de 17% à la hausse. Car de nombreux directeurs d’usines trichent sur leurs émissions réelles et le contrôle est presque impossible.
Le gouvernement chinois a les outils juridiques en main pour lutter contre la pollution ; ce sont maintenant l’implémentation et l’application réelle des lois qui doit être fait. Car malgré son engagement contre la pollution, pendant les six premiers mois de 2015 la Chine a augmenté de 55% ses capacités de centrale électrique et les conditions ne s’améliorent toujours pas. Si la pollution chinoise n’est pas liée au changement climatique, elle est un bon exemple pour le reste du monde de ce à quoi pourrait mener la dégradation des conditions climatiques dans de nombreux pays du sud.