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Entre Inde et Arabie Saoudite, Obama funambule

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L'Inde, prochain allié américain face aux Chinois ?
L’Inde, prochain allié américain face aux Chinois ?

Deux mandats résumés en une semaine… Tel est le constat que le président américain et ses conseillers ont peut-être dressé à la suite de leur récent voyage oriental. Parti pour une visite d’Etat de quatre jours en Inde, Barack Obama a finalement anticipé son départ en quittant New Delhi mardi en direction de Riyad, à l’occasion de l’épisode de transition ouvert par la mort du roi Abdallah. Un court épisode qui illustre les difficultés que les Etats-Unis rencontrent dans la mise en œuvre de leur « pivot asiatique ».

Réorientation d’ici à 2020 de 60% de la marine dans la zone Asie/Pacifique, négociations d’un traité de libre-échange transpacifique, réaffirmation des alliances avec les alliés stratégiques (Japon, Corée du Sud, Philippines…)… les moyens mis en œuvre par la première puissance mondiale pour suivre le basculement du centre de gravité économique mondial sont réels et conséquents.

La visite en Inde s’inscrit dans cette dynamique de consolidation d’alliances. L’intérêt est d’abord économique : selon le FMI, l’Inde connaîtra une croissance plus élevée que la Chine à partir de 2017, confortée par l’arrivée au pouvoir, en mai 2014, d’un nouveau premier ministre – Narendra Modi – résolument décidé à moderniser l’économie du pays en l’ouvrant conséquemment aux investissements étrangers. C’est dans cette optique que le président américain a notamment annoncé la délivrance d’un prêt d’1 milliard de dollars destiné aux entreprises indiennes, afin de dynamiser un commerce bilatéral encore balbutiant. Stratégiquement parlant, la coopération dans le nucléaire civil – qui prolonge l’adoubement de 2005 – a été relancé et les deux pays ont décidé d’approfondir leur alliance militaire en développant des technologies en commun.

Une visite plutôt fructueuse donc, rythmée de symboles forts – participation de M.Obama au défilé militaire national indien – et qui contraste avec la visite en septembre dernier de Xi Jinping, marquée par des tensions militaires autour du conflit frontalier du Ladakh, région indienne revendiquée par la Chine depuis 1962. Dans le jeu de courtisanerie du géant indien, les Américains semblent donc avantagés, avec à terme l’objectif de compléter par un allié sud-asiatique leur dispositif de limitation des avancées chinoises, encore largement oriental.

Si l’administration Obama avance ses pions asiatiques, le contexte moyen-oriental l’oblige aussi à conforter ses partenaires locaux, à l’image de l’Arabie Saoudite, particulièrement secouée en ce début 2015. La conjoncture y est en effet particulièrement sensible. Alors que le royaume vit une phase de transition politique, l’effondrement des institutions yéménites au profit des houthistes chiites, et par ricochet d’AQPA, la menace pressante des mercenaires de l’EI ainsi que l’enlisement des rebelles sunnites en Syrie contribuent à affaiblir son influence régionale. Des sources d’inquiétude multiples donc, qui jusqu’à récemment trouvaient peu de réponses auprès de l’allié américain, avec lequel les relations se distendent du fait de la nouvelle donne énergétique et des négociations sur le nucléaire iranien. Par sa visite inopinée, M. Obama réaffirme donc son engagement dans la région auprès de son traditionnel allié. Un engagement qui, cependant, s’inscrit désormais dans le cadre d’une coalition internationale face au terrorisme plutôt qu’à travers une conception purement unilatérale de la situation.

Alliance militaire bilatérale d’un côté, dilution de l’engagement dans une intervention internationale de l’autre… L’écart de méthode est révélateur et l’équilibre fragile mais le sillon suivi par M.Obama est clair : si les Etats-Unis demeurent clairement impliqués dans la lutte contre le terrorisme au Moyen-Orient, à moyen-terme, le cap du navire américain est plus oriental encore…

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