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La Thaïlande, entre croissance économique et fragilité politique

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Au sein de l’Asie émergente, la Thaïlande fait partie de la 2ème génération des nouveaux pays industrialisés (NPI) : les Tigres asiatiques (qui comprend aussi l’Indonésie, le Vietnam, la Malaisie et les Philippines). Cette génération succède à la 1ère que l’on appelle communément les Dragons asiatiques comprenant la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong et Singapour, des pays considérés comme développés depuis les années 1990. D’après le modèle de développement dit « en vol d’oies sauvages », théorisé par l’économiste japonais Kaname Akamatsu (1937), la Thaïlande et les Tigres asiatiques constituent la dernière oie ayant décollé, bien après l’oie de tête (le Japon des années 1960) mais devant certains pays asiatiques les moins avancés à l’image du Laos, du Cambodge et de la Birmanie.

Le général Prayuth Chan-ocha, le nouvel homme fort de la Thaïlande à la suite de son coup d'Etat en 2014
Le général Prayuth Chan-ocha, le nouvel homme fort de la Thaïlande à la suite de son coup d’Etat en 2014

Situé entre l’océan Indien et la Mer de Chine méridionale, la Thaïlande bénéficie de sa position de carrefour régional. 2ème économie d’Asie du sud-est après l’Indonésie, la Thaïlande dispose d’une économie ouverte et diversifiée. Elle exporte notamment des biens électroniques, des automobiles, des machines et des produits agricoles. Le tourisme constitue un point central de l’économie thaïlandaise (20% du PIB). Le pays a ainsi accueilli 30 millions de visiteurs en 2015. Cependant, la santé économique du pays est mise en péril par la crise politique tout comme par le ralentissement économique chinois : la croissance thaïlandaise était de 7 % en 2012 et ne dépasse pas les 3 % en 2015.

Monarchie constitutionnelle depuis 1932, le roi de Thaïlande jouit d’un pouvoir symbolique mais aussi d’une forte autorité morale. Toutefois, l’histoire de la monarchie est rythmée par la succession d’une douzaine de coups d’état. Le dernier en date, en mai 2014, révèle l’ampleur d’un clivage politique national qui oppose les chemises rouges aux chemises jaunes. Les chemises rouges soutiennent le parti démocrate Pheu Thai, l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra (2001-2006) qui remet en cause la monarchie et soutient les populations rurales les moins aisées auprès desquelles il est particulièrement apprécié. Les chemises jaunes, quant à elles, regroupent une élite urbaine conservatrice, riche et favorable à la monarchie tout en récusant les principes démocratiques occidentaux. Ce clivage politique et économique est aussi géographique entre un nord pauvre acquis aux chemises rouges démocrates et un sud riche pro-chemises jaunes.

En 2014, les chemises jaunes appuyées par l’armée organisent un coup d’état qui vise le Premier ministre Yingluck Shinawatra (sœur de Thaksin), élue en 2011. La junte militaire au pouvoir est menée par le général Prayuth Chan-ocha. Cette instabilité politique est encore accentuée par la crise migratoire que connaît l’Asie du sud-est : 100 000 migrants quittaient la Birmanie et le Bangladesh voisins entre janvier 2014 et juin 2015.

 Infographie Thaïlande

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Rémy SABATHIE

Secrétaire général et rédacteur géopolitique pour Les Yeux du Monde, Rémy Sabathié est analyste en stratégie internationale et en cybercriminalité. Il est diplômé de géopolitique, de géoéconomie et d’intelligence stratégique.

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