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La tournée asiatique de Donald Trump, un bilan tout en paradoxe

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Donald Trump a achevé sa tournée asiatique ce mardi 14 novembre. Ce voyage, marqué par le dossier nord-coréen, fondait l’espoir d’une politique étrangère américaine claire dans la région. Cependant, les positions parfois paradoxales du leader ont soulevé un grand nombre d’interrogations.

Donald Trump est revenu à une position protectionniste lors du Sommet de l'Apec.
Donald Trump est revenu à une position protectionniste lors du Sommet de l’APEC.

« America first »[1]. Donald Trump l’a bien rappelé lors de son discours devant les vingt autres pays de l’APEC[2], le 10 novembre à Da Nang, au Vietnam. Le président américain a dénoncé les grands accords multilatéraux mettant à mal la souveraineté nationale. Souveraineté nationale qui ne semblait pourtant pas menacée aux yeux du dirigeant lorsque celui-ci vantait quelques jours plus tôt les 250 milliards de dollars d’accords commerciaux conclus avec la Chine. Ces accords représentent d’ailleurs un succès exagéré dans la mesure où ils comprennent soit des discussions où la Chine n’est engagée en rien, soit des accords déjà conclus de longue date, ou bien des projets d’investissements sur le long terme qui pourraient mettre des décennies à se concrétiser. Un comportement qui a de quoi dérouter les nations asiatiques donc, qui comptent pour certaines d’entre elles – le Vietnam notamment –, sur la puissance américaine pour réinstaurer un équilibre dans la région.

Cette tournée asiatique devait à l’origine clarifier la politique américaine dans la zone Pacifique. Une nette différence de ligne s’est pourtant dessinée entre l’attitude ouverte et tout en compliments de Donald Trump à Pékin et son discours protectionniste de Da Nang. L’enjeu en Asie-Pacifique pour les États-Unis est de demeurer aujourd’hui une puissance influente, face à une Chine qui investit massivement et souhaite devenir une puissance globale. La démarche conciliante des leaders japonais et sud-coréen, Shinzô Abe et Moon Jae-In, durant les visites de Donald Trump montrent qu’ils ont totalement conscience de cet enjeu et souhaitent en profiter pour diminuer l’emprise régionale de leur concurrent chinois. Cependant, le président américain semble toujours naviguer à vue dans sa politique étrangère, agissant de manière inconstante. Face à cela, Xi Jinping continue de s’imposer et a renouvelé son éloge du libre-échange lors de ce Sommet de l’APEC.

En marge de l’événement, Donald Trump a eu de brefs échanges avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Ce dernier a réaffirmé la non-ingérence de la Russie dans les élections américaines de 2016. Mais aucun tête-à-tête réel n’a eu lieu, les discussions ont donc plus relevé d’un dialogue de courtoisie que d’une réelle conversation politique.

L’Asie-Pacifique constitue l’avenir de l’économie mondiale, et ses acteurs régionaux l’ont compris, Chine en tête. Les États-Unis, à travers leur objectif tout à fait clair de réaffirmer leur souveraineté et leur puissance, ne peuvent se permettre de rater le coche. Néanmoins, des alliances solides et influentes ne peuvent se nouer sans une politique étrangère asiatique claire de la part du gouvernement Trump.

[1] « L’Amérique d’abord ».

[2] Asia-Pacific Economic Cooperation, un forum visant à favoriser les échanges et la croissance économique au sein de la zone Asie-Pacifique.

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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