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Coup dur pour la démocratie cambodgienne

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Hun Sen, Premier ministre cambodgien depuis 1985

Le jeudi 16 novembre, la Cour suprême du Cambodge a prononcé la dissolution du principal parti d’opposition. Certains y voient une manipulation politique du Premier ministre cambodgien Hun Sen, qui craint de perdre son influence avant les élections générales de juillet 2018. Une nouvelle preuve du raidissement du régime dans cette fragile démocratie.

Hun Sen, l’homme à la manœuvre

Après la fin de la dictature des Khmers rouges, le Parti du peuple cambodgien (PPC) s’est rapidement imposé sur la scène politique cambodgienne. Cela fait maintenant trente-trois ans qu’il est à la tête du pays. Depuis 1985, Hun Sen est le Premier ministre du Cambodge. Si le Premier ministre tient tant à contrôler le scrutin de 2018, c’est que le PPC voit son influence diminuée un peu plus à chaque élection.

Il a enregistré lors des dernières élections générales, en 2013, son pire score depuis 1985. Le PPC a en effet connu un fort recul. Il n’a obtenu que 48 % des voix, soit 4 points seulement au-dessus du Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC) qui a vu le jour en 2012. L’opposition a dénoncé des fraudes au cours de ces élections. Mais la vraie alerte est venue des élections locales, en juin dernier, au cours desquelles le parti au pouvoir a perdu le tiers des communes qu’il contrôlait.

La Cour suprême, proche d’Hun Sen, vient donc d’interdire à 118 leaders du PSNC toute activité politique pour cinq ans, arguant d’« une menace pour la sécurité intérieure ». Les 55 députés de ce parti perdront leurs sièges, les 489 maires élus lors des municipales de juin seront démis. Certains ont choisi l’exil, d’autres se sont vus promettre « l’enfer » s’ils ne rejoignent pas les rangs du CCP.

Accélération de la répression

Le régime de Hun Sen avait déjà été à l’origine d’épreuves de force à l’approche d’échéances électorales. Ainsi, en 2015, Sam Rainsy, un opposant historique, avait été écarté et avait choisi l’exil pour la quatrième fois de sa vie politique. Mais depuis le 3 septembre, la répression a connu une spectaculaire accélération.

Le 3 septembre, Kem Sokha, une des principales figures de l’opposition, a été arrêté. Il est accusé de complot avec des puissances étrangères. Il avait en effet expliqué avoir reçu des conseils d’experts américains pour sa stratégie. « Derrière Kem Sokha, c’est toujours la même main, celle de l’Amérique », a alors déclaré Hun Sen. Le 4 septembre, le journal anglophone indépendant The Cambodia Daily a été contraint par le régime de fermer ses portes.

Mercredi 11 octobre, Hun Sen a qualifié de « fantômes » les Accords de Paris de 1991, qui mettaient fin à la guerre civile cambodgienne et prévoyaient l’organisation des premières élections libres en 1993. Une provocation de plus de sa part.

Réactions de la communauté internationale

Le Cambodge est devenu ces dernières années l’une des économies les plus dynamiques de la région, avec un taux de croissance autour de 7%. Plusieurs parlementaires d’opposition appellent la communauté internationale à prendre des sanctions commerciales ou financières contre le gouvernement de Hun Sen. Le royaume a en effet bénéficié jusque-là d’immenses programmes d’aides au développement pour soutenir sa marche vers l’économie de marché et la démocratie.

Les États-Unis et l’Union européenne ont appelé le Cambodge à revenir sur sa décision d’interdire le principal parti d’opposition à quelques mois d’élections cruciales. Le Royaume-Uni déplore le fait que le Cambodge soit devenu « un pays à parti unique ». Cependant le régime d’Hun Sen, soutenu par la Chine, s’est montré jusqu’ici peu sensible aux pressions des puissances occidentales.

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