Quel avenir pour la Corée du Nord ?
Depuis l’été 2008 et l’accident cérébral qui a lourdement affaibli le leader coréen Kim Jong-il, il semblerait qu’une phase de transition se soit ouverte au sein de l’Etat communiste. Certains des documents révélés récemment par Wikileaks dévoilent que le milieu de la diplomatie abonde de théories allant dans ce sens. On apprend par exemple que la diplomatie chinoise explique la montée en tension savamment organisée par les dirigeants nord-coréens et orchestrée à coups d’essais nucléaires, de bombardements et de tirs de missiles contre leur voisin du sud, par la volonté du régime de préparer l’arrivée au pouvoir de l’héritier adoubé et fils cadet de Kim Jong-il, Kim Jong-un. Une fois aux commandes du pays, ce dernier aura pour tâche de calmer l’orage, et sa succession n’en sera que plus héroïque.
Pourtant les indications laissées par ceux qui s’intéressent de près à la question laissent penser que la succession de Kim Jong-il ne sera pas aussi paisible. Pour beaucoup les embardées nord-coréennes sont directement liées à l’agitation qui sévit à l’intérieur de l’appareil d’Etat. Celle d’un groupe d’élites qui de plus en plus s’interrogent sur la mauvaise santé de leur pays et assistent à l’émergence des autres régimes communistes de la région. Le modèle qu’ils souhaiteraient voir appliqué à la Corée du Nord est celui de la Chine et du Vietnam.
Pourrait-on alors assister à la naissance d’une nouvelle Corée, toujours à idéologie communiste, mais cette fois pacifique et à économie de marché ? C’est l’une des pistes envisageables. Mais si l’affaire serait belle pour la Chine, une telle issue ne correspondrait que partiellement aux intérêts américains. Les Etats-Unis verraient plutôt émerger une Corée réunifiée et capitaliste, gouvernée en fonction des principes du sud de la péninsule et placée sous leur protection. La Chine serait prête à accepter cette éventualité à condition que les troupes américaines ne stationnent jamais au nord de l’actuelle frontière, recréant ainsi un substitut artificiel de l’actuel Etat tampon. On ne peut qu’être surpris par la volonté de conciliation des dirigeants chinois. À croire qu’ils pourraient consentir à beaucoup de sacrifices pour se défaire de leur allié nord-coréen. Le grand perdant dans cette affaire serait le Japon, qui verrait émerger parmi ses voisins une puissance concurrente peuplée par 70 millions de Coréens qui n’ont pas encore avalé la pilule de la colonisation.