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Corée du Sud : de la loi martiale à une décrédibilisation diplomatique ?

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La proclamation de la loi martiale par le président sud-coréen Yoon Suk Yéol, le 3 décembre dernier a provoqué un soulèvement populaire dans tout le pays. Depuis, la Corée du Sud est plongée dans un blocage politique et diplomatique. L’instabilité politique peut-elle impacter l’influence du pays dans ses relations internationales ?

Drapeau de la Corée du Sud à Séoul
Drapeau sud-coréen, à Séoul.

Depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, la Corée du Sud a connu une ascension fulgurante sur la scène internationale. En effet, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le pays était considéré comme l’un des plus pauvres au monde. Ainsi, à partir des années 1960, durant le régime dictatorial de Park Chung-Hee, la Corée du Sud a développé massivement sa situation économique. Durant près de deux décennies, les Sud-Coréens se sont appliqués à rendre le pays attractif en renforçant diverses industries comme la robotique ou la téléphonie. Cette industrialisation de masse a donné naissance à des conglomérats tels que Samsung et Hyundai, très influents sur les marchés mondiaux. Au fil des ans, le développement économique du pays a permis aux Sud-coréens de se frayer une place sur la scène internationale.

Aujourd’hui, la Corée du Sud est un acteur essentiel de la région de l’Asie de l’Est en étant, par exemple, le premier partenaire commercial de la Chine, la 10e puissance mondiale et la 9e puissance exportatrice au monde. Enfin, son soft power construit sur une identité culturelle unique et un genre musical et cinématographique propre, a fait de la Corée du Sud, un pays tendance et convoité.

Yoon Suk Yéol, un président controversé

Depuis quelques années, la Corée du Sud connait une politique interne instable. En effet, la corruption, les falsifications de documents officiels ou encore le blanchiment d’argent, affaiblissent les gouvernements au pouvoir, fragilisant ainsi la confiance des Sud-coréens en leurs responsables politiques. Durant sa campagne, Yoon Suk Yéol, ancien procureur général de Séoul, était donc la promesse d’une démocratie prospère où les abus de pouvoir seraient condamnés et la justice renforcée. Cependant, depuis son investiture, il applique une politique conservatrice contenant de nombreuses réformes régressives.

La gestion des relations extérieures de Yoon Suk Yéol a également déstabilisé l’économie de son pays. Son discours ferme envers la Corée du Nord a notamment fragilisé son partenariat commercial avec la Chine, un historique allié de Kim Jong-Un. Très critiquée, sa politique a également plongé le pays dans une crise inflationniste sans précédent. Ce faisant, les nombreux scandales liés au Président ainsi que les polémiques déclenchées par sa politique conservatrice, ont amené le parti démocrate d’opposition à remporter les élections législatives de 2024. Cette situation a ainsi plongé le pays dans une cohabitation complexe.

Une goutte de trop dans une politique fragile

La perception de l’instauration de la loi martiale, le 3 décembre 2024, est celle d’une tentative de coup d’État, en Corée du Sud. Elle a provoqué une instabilité politique considérable bloquant alors toute forme de gouvernance. Le procès de Yoon Suk Yéol, arrêté à son domicile le mercredi 15 janvier 2025, pourrait le démettre de ses fonctions et lancer de nouvelles élections prochainement. Enfin, la destitution récente du nouveau président par intérim, Han Duck-Soo, pour « participation active à l’insurrection », illustre le début d’une incapacité totale de gouverner le pays.

Sur le plan international, cette crise pourrait décrédibiliser la Corée du Sud. Avec la dégradation des relations avec Pyongyang, Séoul perdrait de précieux marchés chinois. En tant que premier partenaire commercial, ces marchés sont pourtant essentiels pour la survie économique du pays. De plus, Donald Trump, récemment réélu aux États-Unis, envisage un rapprochement avec la Corée du Nord. L’instabilité sud-coréenne pourrait ainsi marginaliser le pays lors de négociations diplomatiques.

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Jade Bellissard

Jade Bellissard est diplômée d'un MBA spécialisé en communication publique et influence à l'EFAP Lyon. En cela, elle s'intéresse particulièrement aux pouvoirs d'influence qu'exercent les pays entre eux.

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