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La Birmanie : la démocratisation à petits pas ?

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A l’occasion de sa visite en Birmanie, la première d’un chef de la diplomatie américaine depuis 1955, Hilary Clinton a annoncé un assouplissement des sanctions américaines contre ce pays. 

Si l’interdiction d’importer des produits birmans n’est pas encore remise en question, les Etats Unis ont assuré qu’ils n’useraient plus de leur pouvoir pour bloquer les programmes d’aides du FMI et de la Banque Mondiale. Cette rencontre historique sonne comme une récompense accordée au président Thein Sein pour les efforts de libéralisation politique et économique qu’il a entrepris.

Les évolutions, pour modestes qu’elles soient, sont réelles et apparaissent comme autant de fissures pour un système jusque là étroitement verrouillé : libération de prisonniers politiques, levée partielle des restrictions sur les achats de voitures, efforts pour recréer un système bancaire… Néanmoins, de nombreux doutes subsistent. Le président Thein Sein est issu de la junte militaire (il est le quatrième plus haut gradé dans la hiérarchie militaire birmane) et il est arrivé au pouvoir à la suite d’élections truquées. Les massacres ethniques, notamment à l’encontre de la minorité Karen, se poursuivent. Le président a, devant Mme Clinton, réfuté l’existence de prisonniers politiques. Sur le plan économique, les réformes engagées ne touchent qu’indirectement les campagnes, qui concentrent 70% de la population du pays et l’essentiel de sa misère. Enfin, n’oublions pas les relations étroites nouées entre la junte birmane et le régime nord-coréen.

Qu’en est-il de la sincérité de ces réformes ? Le leader de l’opposition et prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, a déclaré « avoir confiance » en la bonne volonté du président Thein Sein. Mais elle ajoute : « je ne peux pas dire que tous les membres du gouvernement pensent comme lui ».

Tout le problème est là : du fait de  l’opacité du pouvoir des militaires, il est difficile de savoir si le président Thein Sein est un véritable réformateur ou une simple façade mise en place par les généraux.

Il est évident que ces « premiers gestes » n’ont de sens que s’ils en appellent d’autres. Leur portée actuelle est essentiellement symbolique et ils ne touchent qu’une frange de l’intelligentsia et de l’élite birmane. Mme Clinton l’a d’ailleurs dit : les nouvelles relations américano-birmanes sont placées sous le signe de la réciprocité, la levée des sanctions américaines sera  proportionnelle à l’ampleur des réformes.

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