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« Rust in peace » le bilan de Margaret Thatcher est-il responsable de l’Etat de la Grande Bretagne aujourd’hui ?

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C’est le petit village minier de Grimethorpe qui résume le mieux l’état d’esprit des banlieues ouvrières et anciens villages de mineurs ainsi que celui qui prédomine en Irlande du Nord à l’annonce des obsèques de Margaret Thatcher.

« J’ai l’intention de me bourrer la gueule pour célébrer ça ! » Liverpool, historique banlieue ouvrière de Londres, se joint aux quelques réactions dissonantes avec le discours général de commémoration. Les politiques menées par Mme Thatcher au cours de la période 1979-1990 ont profondément changé le pays et ont créé bien des clivages mais c’est la coïncidence entre son bilan et la situation économique et politique actuelle de la Grande-Bretagne qui est remarquable. En effet la politique de Mme Thatcher peut se résumer en quelques grandes lignes : libéralisation, désindustrialisation, affirmation de la puissance britannique, refus de l’Union européenne comme fédération et création d’une puissance financière.

A l’heure où le Royaume souffre d’un manque de puissance industrielle, où la City est remise en cause à l’intérieur et à l’extérieur de Londres par les scandales successifs de gestion (comme celui du Libor) et son statut de paradis fiscal, et où les britanniques souhaitent un référendum pour décider de leur départ (ou non) de l’Union européenne la question se pose : tout cela a-t-il servi à quelque chose ? Car au final la situation économique de la Grande-Bretagne n’est pas tellement plus brillante que celle de la France qui a pourtant évité de mener les réformes de libéralisation qu’a menées le Royaume.

Il n’en demeure pas moins que les britanniques ont dans leur immense majorité assimilé les idées de Thatcher et, même s’ils détestent la personne, ils résonnent aujourd’hui en suivant son idéologie.

De plus ces réformes ont redressé un pays à l’agonie durant les années 1970. Ce sont plus aujourd’hui ces positions politiques qui posent problème. En effet, David Cameron, qui n’a pas manqué de saluer le travail de l’ancienne locataire du 10 Downing street, souhaite aller plus loin dans ce processus de libéralisation et à déjà lancé des réformes en ce sens depuis son arrivée au pouvoir, notamment dans le renforcement des pouvoirs de la City.

Mais c’est plus le côté atlantiste et anti fédéralisme européen qui bloque aujourd’hui la Grande Bretagne. Se prononcer sur un éventuel référendum en 2017, si David Cameron est réélu en 2015, c’est ne pas prendre de décisions importantes d’ici là alors que l’Union bouge beaucoup en ce moment. Or Thatcher l’avait elle-même compris, l’Union offre des opportunités que la Grande-Bretagne ne pourrait jamais s’offrir seule (elle a milité pour l’adhésion de la Grande-Bretagne à la Communauté européenne dans les années 1970). De plus quitter la table signifie ne plus avoir son mot à dire dans les négociations européennes.

C’est cette indécision sur son futur qui semble miner le Royaume actuellement car si il est désormais pétri par les idées thatchériennes, ces dernières ne suffiront pas à lui permettre de se redresser. Or dans le même temps il ne souhaite pas suivre la direction que prend l’Union en ce moment.

On comprend mieux la tête que faisait David Cameron aux obsèques de la baronne du Scotney.

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