Alliance des partis d’extrême droite pour les européennes : un projet paradoxal et loin d’être garanti
Le 13 novembre dernier, Marine Le Pen et Geert Wilders ont tenu une conférence de presse à La Haye. Les responsables des partis populistes d’extrême droite français et néerlandais ont évoqué la possibilité d’une alliance entre le Front national et le Parti de la liberté (PPV) aux élections européennes de mai 2014. Ils ont aussi évoqué la possibilité d’une alliance avec les autres partis d’extrême droite eurosceptiques européens. Malgré la montée de l’euroscepticisme au sein de l’Union européenne, une telle alliance est loin d’être acquise.
En effet, les raisons qui poussent ces partis à dire non à l’Europe sont nombreuses mais souvent contradictoires entre-elles. Ainsi les partis eurosceptiques des pays du Sud de l’Europe souhaitent que leurs pays sortent de l’Union pour ne plus avoir à supporter les exigences de Bruxelles en échange de son aide. Les eurosceptiques des pays du Nord de l’Union souhaitent, eux, se désengager de l’Union pour ne plus avoir à payer d’aides aux pays du Sud. Les deux mouvances souhaitent clairement la même chose mais pour des raisons contradictoires et il se serait étonnant de voir à une même table un représentant eurosceptique grec ou portugais souhaitant moins de contrôle (mais toujours de l’aide), aux côtés d’un représentant eurosceptique allemand souhaitant les laisser à leur sort.
Certains de ces partis anti-européens jugent ainsi qu’il faut d’abord combattre le pouvoir de Bruxelles, d’autres qu’il faut s’en prendre aux immigrés, d’autres qu’il faut d’abord se focaliser sur l’islam et d’autre que la question porte avant tout sur l’euro : autant de directions différentes à suivre pour une éventuelle coalition. Cette question de cohérence pose aussi celle du paradoxe d’une union internationale des ultranationalismes qui s’exprimerait dans un parlement qu’ils haïssent et dans un système qu’ils appellent à démanteler.
Cette alliance improbable devra d’autre part se faire contre les divergences idéologiques existantes. Ainsi Geert Wilders a longtemps refusé toutes alliances avec le FN, le considérant comme un parti antisémite. Il n’a récemment accepté qu’à la surprise de nombreux militants dont une partie a décidé de quitter le parti. Le parti populiste danois (le Parti populaire danois), le parti anti-euro allemand (Alternative pour l’Allemagne), le parti europhobe anglais (UKIP) et le parti populiste finnois (Parti des Finlandais) ne veulent aussi pas entendre parler du FN qu’ils jugent trop à droite. De même le FN juge les partis (néo)fascistes grecs (Aube Dorée) et hongrois (Jobbik) trop extrêmes pour lui et la ligue du nord italienne en perte de vitesse.
Au final le projet eurosceptique ne pourra se rassembler qu’autour d’un petit noyau composé par le FN, le PPV, les nationalistes flamands et suédois, et les nationalistes autrichiens du FPÖ. Mais ce seront les autrichiens qui auront le leadership dans cette coalition de simple intérêt.
Il n’est pas certain que le FN accepte de bonne grâce de lâcher le morceau surtout dans leur dynamique actuelle qui leur fait se sentir pousser des ailes. En définitive la balle est avant tout dans le camp de l’Union qui doit avant tout faire face à ces partis à cause de son manque de réaction et non à cause des défauts que lui reprochent ces partis.