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Paris concentre-t-elle les richesses au détriment de la Province ?

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En 1947, le géographe Jean-François Gravier publie Paris et le désert français, il accuse Paris de vider la France de ses richesses. La politique d’aménagement du territoire, lancée dans les années 1960, entend donc remédier à cet accaparement par la décentralisation, le transfert de compétences administratives et d’activités de Paris vers la Province. Il s’agit mettre fin à la macrocéphalie du pays, héritage de siècles de centralisation. Or aujourd’hui, la croissance se fait dans les métropoles, celles-ci sont en compétition pour attirer les capitaux et les cerveaux dans un monde globalisé. Dès lors, la décentralisation est elle encore pertinente, puisqu’à première vue elle affaiblit Paris ?

Cependant l’émergence de la nouvelle économie géographique à partir du milieu des années 1990, remet en cause cette politique. En effet, ces travaux pour lesquels P.Krugman a obtenu le prix Nobel d’économie, montrent selon Laurent Davezies (La crise qui vient) que « les dispositifs territoriaux, la façon dont les facteurs de production sont agencés au sol, ont un effet sur leur efficacité », en somme l’organisation du territoire joue un rôle majeur dans la création de richesses. L’importance des coûts de transport et de main-d’œuvre est donc à relativiser. La concentration des facteurs de production génère des externalités positives, la ville est donc très compétitive. La proximité des activités génèrent des économies d’échelles (la construction d’une infrastructure bénéficie à plus de monde en ville qu’à la campagne), une circulation de l’information plus rapide ou encore un meilleur « appariement de l’offre et de la demande » du fait d’une taille de marché plus grande et d’une diversité des acteurs plus importante. Par conséquent favoriser le développement de nos métropoles permettra de stimuler la croissance de demain.

Néanmoins, il ne faudrait pas croire que les territoires périphériques et moins urbanisés, sont abandonnés. En effet, il ne s’agit pas de jouer Paris contre la Province, puisque les régions rurales françaises ont tout à gagner d’une capitale forte. Les budgets publics (État…) et sociaux (CAF, Assurance maladie…), jouent un rôle redistributif : concrètement les régions riches contribuant plus que les régions pauvres au budget national, financent en réalité les services publics des régions plus pauvres, c’est la péréquation. Ainsi une région Île-de-France forte est un atout pour la France entière, sa prospérité ne se fait pas au dépend des villes de province puisque Paris est en compétition avec Londres ou New York pour attirer les activités à forte valeur ajoutée et non pas avec Perpignan ou Pau.

La mise en place des métropoles d’équilibre dans le cadre de la décentralisation dans les années 1960 a donc été une bonne chose, puisque elle a renforcé les métropoles moyennes françaises. La politique de décentralisation n’est donc pas absurde, mas il ne faut pas croire qu’en affaiblissant Paris l’on renforce la Province. La compétition entre métropoles mondiales et les travaux de la nouvelle économie géographique montrent l’importance stratégique du projet Grand Paris pour la France de demain.

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