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Union Européenne : la Serbie, candidate volontaire.

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En juin dernier, les autorités serbes de Mitrovica (Kosovo) ont décidé et mis en œuvre la démolition d’une barricade qui séparait depuis mi-2011 la ville en deux parties distinctes, populations serbes d’une part, albanaises de l’autre. Un symbole fort qui illustre la politique plus ouverte que mène depuis deux ans Belgrade à l’égard du Kosovo, dans le but d’accélérer son adhésion à l’Union Européenne (UE).

La chute du mur intervient en effet à la suite d’une fin d’année 2013 marquée par un enchaînement positif d’annonces serbes, prenant place dans le cadre de l’accord de normalisation signé entre Belgrade et Pristina en avril 2013, sous l’égide de l’UE.

Dans ses grandes lignes, cet élan d’ouverture met fin à cinq ans de « double administration » au Nord du Kosovo, où les populations serbes, ne reconnaissant pas l’autorité de Pristina, avaient mis en place un administration parallèle. Ainsi, l’ensemble des structures municipales, policières et judiciaires serbes du Nord-Kosovo se destinent-elles à être diluées au sein de leurs autorités sœurs kosovares. En échange, les populations serbes du Kosovo obtiennent le droit de se fédérer en « communautés de communes serbes » jouissant d’une certaine autonomie dans les domaines sociaux et économiques, leur permettant notamment des facilités d’échanges avec la Serbie. À une structure coûteuse et rigide succède donc une organisation plus souple afin de faire coopérer serbes et albanais.

Autant de signaux politiques forts envoyés à l’UE, qui s’accompagnent d’un renforcement des liens économiques entre les deux entités. Multipliant les mesures (privatisations, renforcement du système judiciaire…) pour assainir un tissu économico-politique profondément marqué par la corruption – point sur lequel insiste particulièrement les autorités européennes -, la Serbie a su au cours des dix dernières années attirer divers investisseurs européens. Ainsi de Fiat qui après avoir racheté le groupe automobile d’État Zestava a massivement investit dans l’usine nationale au point d’en faire un des complexes les plus modernes au monde. De manière plus générale, les autorités serbes ont mis en place un plan en vue d’attirer les investisseurs étrangers avec notamment un très bas taux d’imposition sur les entreprises (autour de 10%) et des subventions pour les créateurs d’emplois. Ainsi, sur les dix dernières années, le taux de croissance annuel du PIB atteint en moyenne les 4,5%.

Le climat semble donc plutôt favorable à une avancée de la situation entre Serbie et Union Européenne. De fait, les négociations d’adhésion de la Serbie à l’UE ont officiellement débuté en janvier 2014. Si le suivi et l’approfondissement des réformes (sociétales, politiques et économiques) engagées constituent des points importants sur lesquels insister, l’essentiel de l’avancée ou non du projet d’intégration dépend désormais de l’UE elle-même, à un moment où l’émergence des nationalistes aux élections européennes a tendance à recentrer le débat sur des enjeux internes, au risque de manquer une adhésion positive après le camouflet russe à propos de l’Ukraine…

 

 

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