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Où en est la politique européenne de voisinage ? (2/2)

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Catherine Ashton, ancienne Haute Représentante de l'Union pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité lors de la présentation des nouvelles orientations de la politique de voisinage
Catherine Ashton, ancienne Haute Représentante de l’Union pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité lors de la présentation des nouvelles orientations de la politique de voisinage

Les événements qui ont récemment affecté le voisinage européen, au sud (soulèvements  en Libye, Tunisie, Egypte ainsi que la crise syrienne et son impact au Liban et en Jordanie) comme à l’est (crise ukrainienne), n’ont pas manqué de remettre en cause la politique européenne de voisinage. L’objectif de stabilisation des marges de l’Union européenne parait lointain et la stratégie parfois qualifiée « d’élargissement  light »  proposée dans le cadre de la PEV avec sa logique « tout sauf les institutions » semble avoir trouvé ses limites.

L’adaptation de l’offre européenne, fondée sur l’idée selon laquelle le modèle de l’UE, serait attractif pour les pays voisins, parait remise en cause. En poussant l’Ukraine à choisir entre Europe et Russie  et en ne parvenant pas à profiter des changements politiques au sud afin d’approfondir la dynamique d’intégration au sein de l’Union pour la Méditerranée (UPM), l’UE a mis en exergue les faiblesses de sa politique extérieure. Au sud, la diversité des approches des pays de l’Union n’a pas permis de favoriser une politique de voisinage cohérente et l’UPM peine à décoller. A cela s’ajoute une politisation accrue de la PEV, caractérisée par une concurrence entre les Etats membres et des approches parfois peu cohérentes, comme le souligne le dernier rapport concernant la PEV. Ainsi, tandis que la France entretient des relations historiques dominées par les intérêts nationaux et favorise une approche bilatérale, l’Allemagne est en faveur d’une logique multilatérale et européenne.

Entre remise en question et réorientation

Face à ces différents écueils et au changement de contexte géopolitique, la PEV a été redéfinie et ses moyens accrus. En 2011, la Haute Représentante a notamment présenté ses nouvelles orientations. De nouveaux principes ont été introduits comme celui de responsabilité mutuelle (chaque partie doit rendre compte à l’autre de son état d’avancement au regard des objectifs fixés) et d’autres comme la différenciation (le rythme de l’approfondissement des relations avec chacun des pays voisins dépend de leur capacité à répondre à leurs priorités de politique extérieure reprises dans les plans d’action) et la conditionnalité (donner plus pour recevoir plus) ont été approfondis.  Cette nouvelle approche repose également sur de nouveaux objectifs, à la sécurité et la stabilité s’ajoute la volonté affirmée du développement d’une économie solidaire, en faveur notamment des PME et visant à  améliorer l’impact de l’accès au marché commun.

Le dernier rapport concernant la PEV souligne enfin l’importance d’une approche moins globale, notamment au regard des problèmes de plus en plus variés auxquels font face les pays du voisinage, aussi bien entre l’est et le sud qu’au sein de ces ensembles. Des mesures spécifiques ont été prises avec la nomination d’un représentant spécial pour la Méditerranée ou encore  le lancement du programme SPRING  visant à assurer le soutien aux transitions démocratiques et le renforcement des institutions dans la région. De même, un soutien financier de 11 milliards d’euros sur plusieurs années a été annoncé afin d’aider l’Ukraine dans la construction d’un avenir « démocratique et prospère ». Moins sous le feu des projecteurs, le soutien à la Géorgie et à la Moldavie porte également ses fruits puisque ces pays ont notamment progressé dans la réforme de leurs systèmes politiques et judiciaires.

Ainsi, loin de faiblir face aux enjeux croissants auxquelles elle doit faire face, la politique européenne de voisinage semble s’adapter et l’aide accordée aux pays partenaires a atteint en 2013 son niveau le plus élevé sur la totalité du dernier cadre financier pluriannuel (2,65 milliards d’euros). Un nouvel instrument européen de voisinage (IEV) va également être mis en place et le financement de la PEV pour la période 2014-2020 sera de 15,4 milliards d’euros. A une approche fondée descendante et globalisante fondée sur la sécurité et l’influence semble ainsi se substituer une approche plus différenciée et partenariale.

 

 

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