Rétrospective 2014 : Le renouvellement du triangle institutionnel européen
L’année 2014 a vu se renouveler l’ensemble de la classe dirigeante de l’Union Européenne. S’il ne s’agit pas d’un renouvellement intégral, tant la plupart des députés européens notamment se sont maintenus, le résultat des élections européennes de mai ainsi que les premiers pas de la nouvelle Commission et du nouveau Président du Conseil semblent annoncer quelques évolutions dans la gouvernance de l’UE.
La montée (relative) des extrêmes
Du 22 au 25 mai 2014 se sont déroulées les huitièmes élections européennes. 751 députés européens ont été élus dans l’ensemble de l’Union Européenne. Le premier véritable choc de ces élections vient de France : la liste menée par le Front National arrive en tête avec près de 25% des voix, obtenant du même coup 24 députés. Ces élections sont en effet marquées dans toute l’Europe par une percée des extrêmes : le parti SYRIZA d’Alexis Tsipras est également en tête en Grèce, et l’on note même l’élection de députés néonazis en Grèce de nouveau, mais aussi en Hongrie. Toutefois, cette tendance n’a pas permis l’émergence d’un groupe politique au Parlement européen, où le schéma classique de compromis entre le PPE et le PSE se maintient.
Les débuts difficiles de la Commission Juncker
Le parti PPE mené par Jean-Claude Juncker arrive en tête sur l’ensemble de l’Union Européenne. Ceci débouche logiquement sur l’élection, par le Parlement Européen, de ce dernier à la tête de la nouvelle Commission Européenne. L’ancien premier ministre luxembourgeois aurait dû entamer son mandat sous les meilleurs hospices, protégé par une relative bienveillance des députés européens sincères, lassés par dix ans d’inertie sous Barroso. Sa volonté d’agir efficacement dans des domaines précis et de ne plus s’éparpiller dans des règlementations absurdes a en effet sans ambages rompu avec le style du portugais.
Cependant, il semble que la Commission se soit tirée balle sur balle dans le pied depuis sa désignation. Les polémiques autour des commissaires ont en premier lieu entaché la crédibilité de l’équipe dirigeante : on peut à ce titre citer le commissaire espagnol au Climat et à l’Energie qui possédait des actifs dans des sociétés pétrolières, ou encore Pierre Moscovici, accusé par l’Allemagne d’avoir échoué à appliquer en France les mesures qu’on le charge de mettre en œuvre pour l’UE. De plus, le scandale Luxleaks, bien que n’ayant pas entraîné la démission de Juncker, a clairement porté atteinte à l’image du Président de la Commission.
La révélation Tusk ?
La véritable (et heureuse) surprise de cette année 2014 sur la scène européenne pourrait en fait venir de Donald Tusk. Le premier ministre polonais en exercice a en effet été désigné le 30 août 2014 par le Conseil Européen pour succéder au pâle Herman van Rompuy à la Présidence de cette formation à partir de décembre. Tusk a immédiatement rompu avec le style de son prédécesseur par une prise de parole énergique et un souci d’efficacité mis en avant. Loin de froisser les chefs d’Etats européens, cette prise en main volontariste semble avoir donné un coup de jeune à cette institution si jeune (elle date de 2009) et pourtant déjà poussiéreuse.