ETA : vers la trêve permanente ou la permanence d’un train-train sanglant ?
L’organisation armée basque indépendantiste d’inclination marxiste, ETA, a annoncé dimanche 5 septembre 2010 un éventuel cessez-le-feu ; il s’agirait en effet, selon son mot, de « ne plus mener à bien d’actions armées offensives » dans le cadre de son pugilat engagé contre le gouvernement via les revendications sanguinolentes quant à l’autonomie de l’Euskal Herria. La structure armée se dit même encline, « si le gouvernement espagnol en a la volonté », à « convenir de conditions démocratiques minimales pour entamer le processus démocratique ». L’annonce a été réalisée dans une vidéo alors communiquée à la BBC ainsi qu’au quotidien basque Gara, relais médiatique privilégié de l’organisation : on peut y distinguer trois « encapuchados », alors assis autour d’une table et dont les visages sont dissimulés derrière des « pasamontanas ». Cette déclaration intervient quelques jours seulement après que deux organisations politiques indépendantistes basques, dont Herri Batasuna, ont appelé à observer un « cessez-le-feu internationalement vérifiable ». De fait, l’action de cette organisation demeure, depuis plus d’un an, incontestablement amorphe et l’organisme profondément alanguie du fait des arrestations puis incarcérations d’un bon nombre de ses membres.
Néanmoins, cette annonce a été accueillie avec une véritable incrédulité générale : la susdite déclaration demeure « insuffisante » ainsi que « ambiguë » selon le mot de Rodolfo Ares, Conseiller de l’Intérieur du Gouvernement autonome Basque, n’ayant en effet guère d’engagement de fin de recours entier aux armes. L’homme a d’ailleurs ajouté, au cours d’une conférence de presse à Bilbao, qu’une telle annonce est « absolument insuffisante parce qu’elle ne répond pas à ce que l’immense majorité de la société basque exige et demande de l’ETA, qui est qu’elle abandonne définitivement l’activité terroriste ». Rappelons au passage que les précédents cessez-le-feu annoncés par l’organisation terroriste ont débouché sur une réactivation du réseau ETA ainsi qu’une recrudescence des attentats. D’ailleurs, l’ultime annonce d’un « cessez-le-feu permanent » remonte à mars 2006, et le 30 septembre est survenu le fameux attentat à la voiture piégée à l’aéroport de Madrid-Barajas. Le Parti Socialiste dirigeant le gouvernement autonome du Pays-Basque, lui aussi, manifeste sensiblement sa défiance à l’égard des émetteurs d’un tel discours et n’accorde que peu de crédit à la dernière déclaration et promesse tacite de fin des combats : il observe une attitude de « prudence » et de « scepticisme », selon le quotidien espagnol El Pais. Ce dernier a ajouté que le Ministre de l’Intérieur du gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, Alfredo Pérez Rubalcaba, est actuellement en train de sonder la pertinence de l’enregistrement.
Il est en effet difficile de déterminer si cette offre de trêve est appelée à être structurelle, ou si l’organisation terroriste, responsable de la mort de près de 800 personnes, désire signifier, via sa transmission radio-télévisée, qu’elle est de nouveau disposée à engager des pourparlers de paix avec le gouvernement espagnol.