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Les enjeux du départ de Martin Schulz de la présidence du Parlement européen

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Le 24 Novembre 2016, Martin Schulz a annoncé qu’il ne présenterait pas sa candidature pour la présidence du Parlement européen. Son mandat s’achèvera le 17 Janvier 2017. Son départ de l’échiquier politique remet en cause la coalition PPE-S&D au Parlement et d’engendrer des changements au niveau institutionnel. A plus long terme, il renforcerait également le poids de l’Allemagne en Europe.

Le départ de Martin Schulz: vers une nouvelle coalition au Parlement européen ?

Vers une fin de la coalition S&D-PPE au Parlement européen ?

Conscient de la forte montée des courants eurosceptiques dans les Institutions européennes aux élections de 2014, Martin Schulz a été l’artisan de la coalition entre la droite et la gauche européenne visant à faire barrage aux partis populistes et conservateurs. Suite à un accord signé entre le PPE et le S&D, Martin Schulz est reconduit à la Présidence du Parlement européen, laissant Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne. Le PPE semble aujourd’hui accepter difficilement le départ de Schulz, élu en 2014 contre un engagement des S&D à soutenir un candidat PPE pour les élections de janvier 2017. Manfred Weber, Président du groupe PPE appelle Schulz à respecter l’accord sur lequel il s’était engagé. Réponse de la gauche, en la personne de Gianni Pitella, Président du groupe S&D au Parlement : « Nous n’accepterons jamais un monopole du PPE, une des trois présidences doit revenir à la famille socialiste ». Avec Juncker à la tête de la Commission et Donald Tusk à la tête du Conseil européen, la victoire d’un candidat PPE à la tête du perchoir marquerait un contrôle total de la droite sur les institutions européennes.

Quels changements au niveau institutionnel ?

Au-delà des enjeux politiciens, la fin de la coalition PPE-S&D au Parlement risquerait de rendre plus difficiles les discussions au Parlement européen et entraverait la fluidité du processus législatif avec la Commission, symbolisée par la complicité entre Schulz et Juncker. Ce dernier aurait d’ailleurs menacé de démissionner en cas d’un départ de Schulz de la présidence. Cependant, le départ de Schulz n’aurait que peu d’incidence sur les orientations politiques de l’UE, la majorité du Parlement étant à droite jusqu’en 2019. Schulz a longtemps été critiqué pour sa trop grande proximité avec la Commission et un nouveau Président pourrait rééquilibrer les rapports entre les deux institutions. Pour le remplacer, il semble très probable qu’un italien reprenne la présidence car Antonio Tajani, ancien Commissaire européen pour l’industrie, réputé proche de Silvio Berlusconi a été désigné côté PPE…contre Gianni Pitella, côté S&D. Numériquement, le PPE disposerait de la majorité des voix, mais des pourparlers ont été engagés entre les deux partis en vue de créer une coalition pour les élections du 17 janvier 2017.

Un renforcement du poids de l’Allemagne en Europe ?

Totalisant 15% des députés européens avec 96 eurodéputés, l’Allemagne est le pays le plus représenté au sein du Parlement européen, loin devant la France (74). Berlin est ainsi parvenu en quelques années à placer ses hommes de confiance aux postes stratégique. Suite aux élections européennes de 2014, ils ont obtenu, outre la présidence : 2 vice-présidences, 5 présidences de commission (dont affaires étrangères, commerce international, contrôle budgétaire, transport, emploi et affaires sociales) contre 2 pour la France et 32 coordinateurs, chargés de répartir les tâches législatives au sein des commissions pour seulement 8 Français. Nul doute que la présidence de Martin Schulz aura fortement permis de renforcer l’influence allemande à Bruxelles et son retour en politique est un atout de plus pour l’Allemagne.

D’abord pressenti pour occuper le poste des affaires étrangères, Martin Schulz mènera la liste du parti social-démocrate allemand SPD en Rhénanie du Nord-Westphalie aux élections législatives de 2017 et cache à peine ses ambitions de chancellerie…contre Merkel?

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