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Jeux olympiques 2024 : une chance pour la France ?

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Paris est en compétition avec Los Angeles pour accueillir les Jeux olympiques de 2024. La capitale française met en avant de nombreux avantages pour l’emporter face à Los Angeles. Si les JO sont toujours un moment prestigieux pour le pays hôte, de moins en moins d’États souhaitent accueillir les Jeux chez eux. La raison principale : le coût exorbitant des infrastructures et de l’organisation.

Les Jeux olympiques sont une occasion pour un pays de rayonner pacifiquement à l’international.

Le 13 septembre prochain, le Comité International Olympique (CIO) se réunira à Lima au Pérou pour désigner la ville qui organisera les Jeux olympiques en 2024. La ville de Paris met en avant ses atouts pour convaincre les quatre-vingt-sept votants du CIO de voter pour elle. Tout d’abord, le projet Paris2024 compte utiliser les nombreuses infrastructures déjà existantes. En effet, selon Michaël Aloïsio (1), 95% des sites sont déjà construits.

Seule la piscine, le village olympique et le centre des médias doivent être battis. Cet argument permet au comité d’organisation de contredire les détracteurs qui invoquent (à juste titre) tous ces terrains laissés à l’abandon ou sous-utilisés après des JO. Les photos récentes des infrastructures brésiliennes prouvent bien que ce problème est réel et qu’il est légitime de soulever la question.

Le deuxième argument soulevé par Paris pour promouvoir son projet est d’ordre environnemental et logistique : la proximité des lieux olympiques. Les infrastructures sont, pour la plupart au centre de la ville. Elles doivent toutes être accessibles à maximum quarante-cinq minutes du centre parisien. Et ceci grâce à l’utilisation des transports en commun. En effet, Los Angeles est une ville davantage faite pour les voitures, où les temps de trajet sont beaucoup plus longs. Le village olympique, qui sera construit en Seine-Saint-Denis (93), doit permettre la construction de logements réutilisables après les Jeux, et une rénovation de nombreuses zones. Paris n’aura donc pas à créer des transports en commun coûteux, comme cela avait pu être le cas pour Rio qui avait inauguré une nouvelle rame de métro.

Paris2024 se revendique donc comme un projet relativement « low-cost ». Le budget est fixé à 6,5 milliards de dollars, même si des dépassements sont à prévoir. À titre de comparaison, la Russie aurait déboursé 37 milliards de dollars pour les Jeux d’hiver de Sotchi en 2014. Ceux de Rio, qui ont coûté officiellement 9 milliards de dollars, pourraient en fait avoir dépassé les 18 milliards selon certains économistes.

Après les attentats de l’année 2015, la sécurité pourrait jouer en la défaveur de Paris. Cependant, le bon déroulement de l’Euro de football 2016 ou de la Coupe du Monde de Handball 2017 a montré que la France pouvait être efficace pour la gestion sécuritaire des événements sportifs.

Différence importante avec le projet Paris2012 (qui a été un échec total), les athlètes sont beaucoup plus mis en avant. Bien plus que les politiques. Ainsi, de nombreuses campagnes télévisées montrent Tony Estanguet ou Bernard Lapasset vantant les atouts de Paris2024. Ceci est censé attirer un soutien populaire massif, sans lequel une candidature est difficilement viable.

Le CIO est aussi très attaché aux valeurs morales qui le caractérisent. Or, les déclarations du nouveau président des États-Unis Donald Trump ne vont pas dans le sens des idéaux du CIO. Ce dernier a fustigé de nombreuses fois les réfugiés dans ses discours. Le CIO pourrait ainsi être plus réticent à donner les Jeux à Los Angeles, pour le côté symbolique justement. Rappelons qu’une équipe de réfugiés avait participé aux jeux de Rio en 2016.

Si une grande partie des Français souhaite voir les Jeux se dérouler dans leur pays, de nombreuses voix s’élèvent aussi contre ce projet. Le principal argument avancé est le coût des jeux : pourquoi investir autant d’argent dans un événement sportif et non pas dans le domaine de l’éducation ou de la santé par exemple ? Des pétitions demandant à la Maire de Paris Anne Hidalgo d’annuler la candidature circulent sur internet.

Les Jeux olympiques et paralympiques restent aujourd’hui une occasion pour un pays de se trouver sur le devant de la scène internationale pendant quatre semaines. Les Jeux sont une manière très efficace de promouvoir son soft-power. Cependant, de moins en moins de villes sont enthousiastes à l’idée d’accueillir les Jeux olympiques. Les coûts financiers de ces derniers déclenchent souvent des mécontentements populaires très forts, cela a été le cas pour Budapest, qui a dû retirer sa candidature en février.

Le CIO, pour tenter de contrer cette inflation olympique a publié un « Agenda2020 », une série de réformes visant à rationaliser les Jeux et à mettre l’accent sur la pérennisation des équipements post-olympique.

(1) Directeur général adjoint du comité de candidature Paris 2024.

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Pablo MENGUY

Ancien étudiant en école de journalisme, aujourd'hui en master à l'Institut français de Géopolitique (IFG).

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