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Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, est-ce que ça peut fonctionner ?

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C’est au château de Versailles, dans le cadre de l’inauguration de l’exposition consacrée au voyage de Pierre le Grand en France en 1717, qu’Emmanuel Macron a prévu de rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine, pour la première fois. Pour le nouveau président français, cette rencontre du 29 mai marquera la fin d’une semaine chargée, après le sommet de l’OTAN et ses premiers échanges avec Donald Trump. Mais qu’attendre d’un tel événement, entre deux hommes aux avis divergents, notamment sur la politique à mener en Syrie ? La France et la Russie arriveront-elles à renouer après cinq années de relations tumultueuses sous la présidence Hollande ?

Affiche de l’exposition consacrée à Pierre le Grand

Dans un premier temps il est nécessaire de se remémorer les différentes déclarations de part et d’autre durant la campagne présidentielle française. La Russie avait logiquement parié sur une victoire de François Fillon, un candidat considéré comme plus apte à comprendre les positions russes dans le monde. Moscou avait également misé, de manière hasardeuse, sur Marine Le Pen, une candidate avec qui le Kremlin pouvait aisément discuter. De son côté E.Macron était perçu comme un sbire de François Hollande et donc de facto un mauvais candidat pour Moscou. Plusieurs histoires de piratages du parti « En Marche » venus de la frontière russe, ainsi que les « Macron leaks » sortis la veille du second tour, ont également entaché la campagne. Sans succès à la vue du résultat final. Ainsi, tous les signaux étaient au rouge pour les cinq prochaines années, mais c’était sans compter l’imprévisibilité du Russe et la volonté de changement du Français. Les deux dirigeants ont donc eu leur premier entretien téléphonique le 18 mai dernier, à l’initiative de V.Poutine, qui se devait de faire le premier pas.

Continuité ou rupture pour Emmanuel Macron ?

Un des enjeux de campagne pour E.Macron fut de convaincre l’électorat de sa capacité à se faire respecter à l’internationale et notamment par le président russe. Comme si V.Poutine était lui même incapable de respecter les protocoles diplomatiques. La question la plus pertinente serait plutôt de savoir quel sera le discours de notre nouveau président notamment sur les questions du Moyen-Orient et des sanctions à l’encontre de la Russie.

Deux hypothèses se dégagent, la première étant une position continue avec celle de F.Hollande, c’est-à-dire un maintien des sanctions et la volonté de voir à court terme le départ d’Assad à la tête de l’État syrien. Dans ce cas il y a peu de chance que quoi que ce soit évolue et cette première rencontre n’en n’appellera pas de nombreuses dans les cinq années à venir.
La deuxième hypothèse semble la plus probable si l’on écoute les différentes déclarations d’E.Macron, souhaitant rétablir le dialogue avec la Russie. Concernant les sanctions, E.Macron a laissé entrevoir la possibilité d’une levée progressive des sanctions, si la Russie respectait ses engagements pris lors des accords de Minsk. Reste à savoir sur ce point, si de ce fait le président français acceptera le situation de la Crimée, rattachée à la Russie ou annexée par la Russie (selon les paroisses) en 2014. Concernant la Syrie et Assad, le point pourrait ne pas être évoqué et l’accent serait alors mis sur la lutte contre le terrorisme.

Cependant, il ne faut pas s’attendre à un retour à des relations « normales » dès ce lundi 29 mai. Le plus compliqué reste à faire. Mais si l’on pouvait douter de la capacité d’E.Macron à gérer sa posture internationale, il se montre aujourd’hui impeccable lorsqu’il s’agit de maîtriser les symboles. Car on connaît l’importance que porte les Russes et V.Poutine à Pierre le Grand, premier empereur de toutes les Russies et grand amoureux de la culture européenne.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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