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L’éternel report du Brexit

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Les relations post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne font toujours l’objet de négociations. Le Brexit connait une nouvelle fois des rebondissements avec des échéances qui ne font qu’être repoussées. Retour sur un épisode d’une série britannique qui n’en est pas à sa première péripétie.

Un vote serré, prémisse d’une division britannique

La Commission européenne, lieu de nombreux débats

On fait souvent l’impasse sur une date pourtant importante puisqu’elle montre l’étendue de la durée de ce débat. En janvier 2013, David Cameron, Premier ministre britannique depuis trois ans, déclare qu’il organisera un référendum s’il remporte les élections législatives. Cette annonce fait suite à une percée électorale du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Vainqueur des élections, David Cameron prévoit de tenir un référendum le 23 juin 2016. On connait tous les résultats de ce scrutin, le « oui » l’emporte. 51,9% des Britanniques votent en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Mais coup de théâtre, David Cameron démissionne dès le lendemain. Theresa May le remplace.

Neuf mois plus tard, le 29 mars 2017, le Conseil européen reçoit du Royaume-Uni une notification de son intention de se retirer de l’Union, déclenchant l’article 50 du traité sur l’Union européenne. Ainsi, la procédure est enclenchée, les parties concernées disposent de deux ans pour s’accorder sur les modalités de cette sortie du Royaume-Uni. Pour conforter sa position dans les négociations avec ses partenaires européens, Theresa May décide d’invoquer des élections législatives anticipées en juin 2017. Une fois encore, coup de théâtre, la Première ministre sort affaiblie de ses élections puisqu’elle perd sa majorité absolue et est contrainte de s’allier avec le parti unioniste nord-irlandais DUP .

Des débats sans fin

Après dix-sept mois de négociations et à moins de trois mois de l’échéance, Theresa May présente l’aboutissement de tout un travail. Brexiters comme Europhiles rejettent l’accord sur le Brexit. Nouvelle présentation d’un accord en mars 2019, nouvel échec. Le délai initialement accordé pour sortir de l’Union est alors étendu jusqu’au 31 octobre 2019. Deux mois plus tard, dans une impasse et en absence de soutien, Theresa May démissionne. Boris Johnson prend sa suite à Downing street.

Le Premier ministre annonce dès son arrivée que le Royaume-Uni sortira de l’UE, avec ou sans accord, en respectant le délai octroyé. Il n’y parviendra pas mais en janvier 2020, il arrive tout de même à faire ratifier un accord de retrait. Celui-ci est promulgué par la reine Elizabeth II, signé par les présidents de la Commission européenne et du Conseil, puis approuvé par les députés européens. Il prévoit une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020. Celle-ci a pour finalité de préparer les relations futures et notamment la circulation de personnes et de marchandises. Durant cette période, l’Union européenne ne compte plus le Royaume-Uni parmi ses membres. En réalité, les Britanniques restent cependant toujours soumis au droit européen.

Rien de nouveau sous le soleil européen ?

Plusieurs mois plus tard, les négociations semblent être à l’arrêt à quelques jours de l’échéance. En effet, le Brexit n’est pas la seule préoccupation actuelle en Europe. Il y a deux semaines, le Royaume-Uni était le premier pays à lancer une campagne de vaccination contre la Covid-19. Boris Johnson s’en félicitait en déclarant que le retrait britannique de l’UE avait permis ce lancement précoce. Il tentait alors de rallier les Brexit-sceptiques et de consolider une opinion publique encore bien divisée sur le sujet. Cependant, les règles européennes s’imposent toujours à Londres. Le droit européen permet d’avoir recours à une procédure d’urgence pour lancer une campagne de vaccination si un pays européen le souhaite. Amorcée par le Royaume-Uni, cette procédure aurait pu l’être par n’importe quel autre pays membre.

Un nouveau report est en discussion. Il y a quelques jours, la Première ministre écossaise déclarait « Il est impératif que le premier ministre demande une extension de la période de transition du Brexit. La nouvelle souche Covid et ses implications signifient qu’on fait face à une situation profondément grave qui demande 100 % de notre attention. Il est impensable de la compliquer avec le Brexit ». Le lundi 21 décembre, un porte-parole du Premier ministre déclarait de son côté que la date butoir du 31 décembre 2020 sera respectée. Le sera-t-elle vraiment ?

 

Bibliographie

Brexit : retrait effectif du Royaume-Uni de l’UE le 31 janvier 2020, Vie publique, le 31 janvier 2020, URL : https://www.vie-publique.fr/eclairage/272932-brexit-retrait-effectif-du-royaume-uni-de-lue-le-31-janvier-2020

Le Brexit, où en est-on, Site du gouvernement, URL : https://www.brexit.gouv.fr/sites/brexit/accueil/le-brexit-cest-quoi.html

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Claire POTIN

Après une licence de droit à l'Université d'Orléans, Claire Potin s'est formée en sciences politiques et relations internationales à l'Université Jean Moulin de Lyon III puis à Sciences Po Aix. Elle est actuellement vacataire au Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

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