Les enjeux européens du nouveau gouvernement de Macédoine du Nord
Ce 8 septembre 2024, la Macédoine du Nord a célébré le 33e anniversaire de son indépendance de la Yougoslavie. Elle fut déclarée État indépendant et souverain sous le nom de République de Macédoine à la suite d’un référendum. Depuis 2018, l’Accord de Prespa implique que ce pays des Balkans soit appelé Macédoine du Nord et non Macédoine. Ce terme fait référence à « un contexte historique et un héritage culturel différent », et à une région du nord de la Grèce. Le 31 juillet 2024, James O’Brien, l’assistant du secrétaire d’État des États-Unis pour les affaires européennes et eurasiennes, a appuyé l’importance du respect de cet accord par la Macédoine du Nord.
La Macédoine du Nord : une intégration à l’Union européenne contestée
Souhaitant intégrer l’Union européenne (UE) depuis 2004, la Macédoine du Nord a rencontré plusieurs difficultés. En effet, la Bulgarie s’oppose à son accès à l’UE car de nombreuses minorités bulgares y vivent et ne sont pas reconnues dans la constitution du pays. De plus, la Bulgarie considère la langue macédonienne comme un dialecte bulgare. Cette situation a bloqué le parcours macédonien vers l’UE pendant plusieurs années. Ce n’est qu’en 2022 que les deux pays signèrent un accord dans lequel la Macédoine du Nord s’engagea à modifier sa constitution. Cela implique d’y reconnaître les Bulgares comme bâtisseurs de la nation, et la protection des minorités et de l’historique bulgare en Macédoine du Nord. Grâce à ce nouvel accord, des négociations d’adhésion ont démarré en juin 2022.
Premières controverses autour de la nouvelle présidente de la Macédoine du Nord
En mai 2024, la candidate de droite Gordana Siljanovska-Davkoka a été élue présidente de la Macédoine du Nord avec 65 % des voix. Son programme mentionne l’adhésion à l’UE. Elle explique vouloir opérer des changements constitutionnels seulement après avoir été acceptée en son sein. Par ces déclarations, le gouvernement macédonien s’oppose à la reconnaissance de la Bulgarie dans sa Constitution et son historique. Ce premier élément pourrait contribuer au ralentissement des procédures d’intégration du pays à l’UE.
De plus, en prêtant serment, la première femme présidente du pays s’est exprimée en ces termes :
Dans cette prise de parole, Gordana Siljanovska-Davkoka ne respecte pas l’Accord de Prespa. En effet, elle y a appelé son pays Macédoine, au lieu de Macédoine du Nord. Ce discours correspond pourtant à la lecture d’un texte officiel où le nom Macédoine du Nord, et non Macédoine, est évoqué.
Les réponses de l’UE à Gordona Siljanovska-Davkoka
En conséquence, la présidente a rapidement reçu des remarques concernant sa prise de parole. Tout d’abord, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a félicitée. Elle lui a également rappelé l’importance du respect de ses engagements afin d’atteindre l’adhésion à l’Union européenne.
Ensuite, la Grèce a marqué son profond désaccord par un communiqué du ministère des Affaires étrangères grec. La violation de l’Accord de Prespa et de la Constitution grecque y est mentionnée. Ajouté à cela, Athènes a déclaré prendre en haute considération les paroles de la présidente macédonienne dans l’acceptation de son voisin en tant que membre de l’UE. Finalement, l’ambassadrice de Grèce en Macédoine du Nord a quitté la cérémonie à Skopje pour illustrer son mécontentement.
Pour finir, le président bulgare a également pris position. Il a déclaré ne pas accepter les propos de la nouvelle présidente, et a rappelé l’importance du respect des accords européens pour l’adhésion du pays à l’UE.
L’implication des États-Unis dans le processus d’adhésion
Ainsi, l’importance de l’Accord de Prespa a été soulignée lors d’une audience concernant le futur de l’Europe par les États-Unis. De cette manière, ils mettent en avant l’importance des interactions entre eux et la Macédoine du Nord pour son intégration à l’UE. En effet, la Macédoine du Nord est membre de l’OTAN depuis 2020. Elle a des obligations liées à cet engagement. James O’Brien veut s’assurer de leur respect puisque ces obligations suivent celles liées à l’adhésion macédonienne à l’UE. Le gouvernement macédonien a répondu aux États-Unis en rappelant sa volonté de respect des principes de l’OTAN et de l’UE. Depuis, aucune avancée n’a été mise en lumière. Cela laisse une fois de plus la Macédoine du Nord dans l’attente. Elle pourrait également être victime de la baisse du sentiment pro-européen de ses habitants.
En conclusion, les positions du nouveau gouvernement macédonien pourraient retarder son intégration à l’UE, mais aussi compromettre ses relations diplomatiques.