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Quels sont les buts de l’embargo sur le pétrole iranien décidé par l’Union Européenne?

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Après la menace de fermeture du détroit d’Ormuz par les missiles d’Ahmadinejad, chef du gouvernement iranien, le monde entier vit affleurer ce qu’il craignait depuis des années : une menace claire sur un lieu de passage stratégique de l’or noir. La situation est simple : si l’Iran parvenait à transformer cette route en impasse, 1/3 du pétrole mondial, puisé en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis ne pourrait plus emprunter la voie normale pour alimenter les réservoirs des automobiles occidentales. Ces tensions économiques attisent les tensions géopolitiques de la région (entre Arabie Saoudite, sunnite et Iran, chiite) et pourraient déboucher sur une guerre si l’Occident s’en mêlait.

C’est pour éviter cette situation que l’Occident s’est montré ferme. Les Etats-Unis interdirent à tout établissement financier de nouer une quelconque relation avec la Banque centrale iranienne, déclenchant une dépréciation terrible de la monnaie iranienne, le rial. L’Union-Européenne tenta de suivre en déclarant un embargo total sur le pétrole iranien. En clair : ils iront acheter leur pétrole ailleurs ! « Affaibli, l’Iran pliera » nous dit-on.

L’Iran a montré ses crocs ? L’Union Européenne mord. Ses buts sont divers :

Tout d’abord, affaiblir l’Iran par le bas, par le pilier de son régime c’est-à-dire le pétrole. Sans richesse pas de régime. Sans client, pas de richesse. Toutefois, la gourmandise pétrolière des énergivores asiatiques (Chine, Inde, …) se substituera aux achats européens. Pis encore : l’embargo européen, en créant des incertitudes sur le cours du baril, risque de provoquer une envolée des cours du brut, profitable … à l’Iran ! Pour calmer le jeu, l’Arabie Saoudite prévoit d’augmenter sa production, donc de baisser les cours ; mais les incertitudes ne seront-elles pas plus fortes que les prévisions ?

Autre objectif, sécuriser ses approvisionnements. En cas de dérapage iranien (guerre avec Israël, découverte de l’arme atomique, …), l’Union Européenne aurait dû cesser tout commerce avec Téhéran. Toutes les menaces émanant du cas iranien depuis 30 ans l’ont convaincue de franchir la ligne jaune.

Enfin, son objectif évident est un affaiblissement financier de cette puissance perturbatrice. Dans ce cas, la politique américaine, mieux étudiée, a des effets bien plus redoutables. La dépréciation du rial est une catastrophe pour la faible économie productrice iranienne puisqu’elle renchérit les importations, surtout alimentaires dans un pays où l’inflation se situe déjà aux alentours de 30%.  Surtout, l’épargne des iraniens, libellée en rial, est menacée. C’est ici qu’intervient le rôle de l’embargo européen : prouver au peuple iranien souffrant des faiblesses économiques du pays que la faute en incombe à son gouvernement, désavoué par la communauté internationale. En somme, attaquer par l’extérieur l’Iran pour le faire tomber de l’intérieur. Ce que l’Union Européenne souhaite, c’est l’élargissement du printemps arabe à l’Iran, d’où, ne l’oublions pas, il était parti en 2009.

Pourtant, l’effet pourrait être inverse ; si Ahmadinejad montre à son peuple que les difficultés nationales proviennent de l’acharnement de la communauté internationale, il revigorera son aura et recréera, par un sursaut national, une unité perdue depuis quelques mois.

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