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Le retour de l’autocratie militaire en Egypte ?

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Alors que les dépôts de candidature à la présidence égyptienne viennent d’être clos, seuls deux candidats, dont Abdel Fattah Al-Sissi, se sont présentés avec suffisamment de signatures pour pouvoir véritablement se présenter. Compte tenu de sa popularité en Egypte, il est fort à parier que l’ancien maréchal accède à la présidence du pays. Avancée ou retour en arrière ?

Ce que l’on sait, d’ores et déjà, c’est que le monde, occidental notamment, n’aura pas à se soucier de voir un nouveau pouvoir d’obédience islamiste en Egypte après les prochaines élections. Les deux candidats qui se soumettront aux suffrages des Egyptiens sont le militaire qui a destitué le gouvernement Morsi ainsi que Hamdeen Sabbahi, candidat de la gauche et qui faisait partie du mouvement qui a destitué Hosni Moubarak, l’ancien Raïs déchu.

En revanche, étant donné le rôle qu’a tenu l’ancien chef des armées dans la destitution de Mohammed Morsi en juillet dernier, beaucoup d’égyptiens sont prêt à lui apporter leurs suffrages puisqu’il incarne le sauveur de l’Egypte aux yeux de beaucoup. D’un autre côté, l’aversion des branches islamistes de la société égyptienne pourrait jouer en sa défaveur même s’il paraît difficile que ceux-ci se rangent derrière le seul autre candidat, qui s’inscrit dans la lignée de Nasser et avait déjà obtenu 21,5% des voix dans l’élection qui avait vu les Frères Musulmans triompher en 2012.

En somme, il semble donc inévitable que le maréchal Al-Sissi soit élu les 26 et 27 Mai prochains et accède au pouvoir suprême en Egypte. Ceci pose donc la question épineuse de savoir qui détiendra véritablement le pouvoir en Egypte. En effet, si Al-Sissi a bien démissionné de son poste de chef suprême des armées pour pouvoir se présenter, il reste que ses liens avec l’armée sont indéfectibles et qu’il n’hésitera pas à s’appuyer dessus pour affermir son autorité.

Malgré les apparences démocratiques de sa prise de pouvoir, son élection remettrait un militaire à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, ce qui permet de douter quant à ses intentions d’installer une véritable démocratie durable. Si la démocratie française a certes mis très longtemps à s’installer et qu’il serait opportun de lui laisser le bénéfice du doute, rien ne permet d’infirmer qu’il s’agisse d’un retour à la période Moubarak. Al-Sissi restera-t-il donc 30 ans à la tête du pays lui aussi ?

L’autocratie pour la stabilité en Egypte

Néanmoins, nombreux sont les témoignages qui rapportent que les Egyptiens sont fatigués de leur trois ans de révolution. Ils souhaitent désormais pouvoir s’occuper de construire leur bien-être au lieu de se battre violemment pour des principes abstraits. Or, le chemin de la prospérité économique passe par la stabilisation du pays. La prochaine autocratie qui s’annonce pourrait bien être un mal nécessaire pour y arriver. Elle permettrait à chacun de pouvoir travailler en toute sécurité et ainsi contribuer au développement du pays. Elle devrait également permettre le retour des capitaux étrangers à la recherche d’investissements d’autant plus rentables que le risque politique devrait avoir diminué. Il s’agit donc de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d’espérer que le maréchal soit animé de bonnes intentions. Un pari somme toute risqué.

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