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Yemen : l’Etat s’effondre, qui sont les deux gagnants ?

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Au Yemen comme en Libye l’Etat n’est qu’un concept bien éloigné de la réalité. Il l’est plus encore depuis les révoltes de 2011 qui ont chassé Ali Abdallah Saleh du pouvoir pour le remplacer par Abd Rabbo Mansour Hadi. Mais depuis six mois la situation s’est aggravée jusqu’à ces dernières semaines où le pays est littéralement devenu un champ de bataille. Quelles sont les forces en présences et qui tire les ficelles ?

Le conflit continue chaque jour de segmenter un peu plus le Yemen.
Le conflit continue chaque jour de segmenter un peu plus le Yemen.

Quatre camps s’affrontent au Yémen : les pro et anti régime mais aussi Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) et enfin Daesh. De 1978 à 2011, c’est Saleh qui a dirigé le pays, et qui a aussi lutté contre les rebelles chiites houthistes. Déposé en 2011, il cherche à reprendre le pouvoir grâce à d’anciens fidèles mais aussi paradoxalement aux rebelles houthistes avec qui il a formé une alliance de circonstance. Les rebelles houthistes venus du Nord du pays, ont mené une contre-révolution contre Hadi sur fond de mécontentement de la population contre les politiques et la corruption. Ils sont aussi soutenus par l’Iran qui voit ainsi une excellente occasion d’étendre son arc chiite dans la région. Les houthistes ont pris la capitale Sanaa et forcé le président Hadi à se replier au port d’Aden dans le Sud avant de devoir le quitter face à leur progression et celle des partisans de Saleh. Installé et actif au Yémen dans les années 2000, Al-Qaida dans la région s’est développé quand l’Afghanistan et le Pakistan ont commencé à devenir moins accueillant pour les djihadistes. AQPA est apparu en 2009 avec le rassemblement des branches d’Al-Qaida au Yémen et en Arabie Saoudite. Soutenu par les saoudiens inquiets de voir s’étendre l’influence chiite iranienne dans la région, leur nombre a plus que triplé entre 2009 et aujourd’hui. Partisans des sunnites, ils attaquent les activités houthistes dès qu’ils le peuvent.

Dans ce contexte qui a tourné au chaos Daesh, d’obédience sunnite, a décelé une cible d’opportunité et a perpétré des attentats le 20 mars contre des lieux de culte chiites. Le but au-delà du symbolique et de l’agression gratuite est encore flou car au vu des troupes qui circulent au Yémen pour le moment et des difficultés que rencontre Daesh, il aurait du mal à solidement s’implanter sur ce territoire.

La situation devient désormais un conflit armé inter-étatique avec l’annonce par l’Arabie Saoudite d’une coalition de dix pays sunnites pour soutenir le président Hadi toujours reconnu par l’ONU et pour lutter contre les houthistes.

L’Egypte, le Koweït, le Bahreïn, le Qatar, la Jordanie, le Soudan, le Maroc, les Emirats arabes unis, et le Pakistan participeront de même que les Etats-Unis qui fourniront une aide logistique et de renseignement. On voit clairement que l’Arabie Saoudite profite de la crise pour renforcer son leadership sur le monde sunnite et en même temps l’Iran a pu renforcer sa présence dans la région tout en prétextant de l’appui américain aux sunnites pour pouvoir sans doute renforcer sa position sur les négociations sur le nucléaire qui ont lieu en ce moment. Les deux gagnants sont donc bien l’Arabie Saoudite et l’Iran qui tirent les ficelles depuis le début de ce conflit qui ravage le pays.

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