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L’interminable isolement de Gaza

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Sous blocus israélien depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire en 2007, l’enclave survit de plus en plus difficilement. Au point que l’ONU qualifie la situation de « catastrophe humanitaire imminente » et indique que Gaza sera « invivable » d’ici 2020, notamment du fait de l’affaiblissement de l’économie et de la pression démographique.

Manifestation à Londres contre la visite de Netanyahu le 6 février 2017

 Pénurie de ressources primaires

L’année 2017 marque le 50ème anniversaire de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et le 10ème anniversaire du blocus de la bande de Gaza. Celui-ci s’est intensifié suite à la décision de l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, de ne plus régler la facture d’électricité du territoire. Le gouvernement israélien a alors réduit l’approvisionnement en électricité, n’accordant plus que deux heures de courant par jour, et fragilisant un peu plus le quotidien au sein de la bande de Gaza.

Toutefois, depuis le 21 juin, les habitants peuvent de nouveau compter sur le soutien égyptien. Le pays a, en effet, livré un million de litres de carburant à Gaza, grâce au terminal de Rafah, seule ouverture qui ne soit pas tenue par Israël. L’Egypte avait pourtant coupé l’aide matérielle acheminée au sein du territoire palestinien en 2013, suite à la chute du régime des Frères musulmans, entraînant avec lui ses quelques alliés du Hamas. Le successeur de Mohammed Morsi, Abdel Fattah al-Sissi avait alors demandé la destruction de la plupart des tunnels de contrebande avec l’Egypte, sources indispensables au réapprovisionnement du territoire.

La recrudescence de la violence

Les difficiles conditions de vie ont un impact considérable  sur la structure de la société. La population gazaouie, composée à 43% de jeunes de moins de 15 ans, est confrontée à une marginalisation sociale et économique croissante. Ainsi, certains élèves abandonnent l’école afin de subvenir aux besoins de leur famille et les enfants de moins de neuf ans n’ont connu que la guerre, les intifadas et un mode de survie permanent. Le chômage touche 60% de la population, et environ 80% des habitants de Gaza dépendent de l’aide extérieure.

Cette situation de crise prolongée, les violations récurrentes du droit international et l’impunité dont celles-ci font l’objet sont source de nombreuses formes de violence. Ce climat délétère attise en effet l’agressivité, notamment contre les femmes, et fracture un peu plus la population interne. En raison de l’insécurité croissante et de la frustration des besoins humanitaires non satisfaits, le risque de radicalisation ne cesse de croître. Ainsi, en plus des problèmes financiers, le Hamas doit faire face aux groupes salafistes qui contestent son autorité.

Faute d’espoir, certaines personnes se tournent vers l’idéologie proposée par Al Qaïda et l’État islamique. Cette radicalisation repose également sur la faible reconnaissance de la légitimité du Hamas. L’autoritarisme du groupe participe à ce rejet, tout comme le manque d’égalité au sein de la population. Les habitants reprochent ainsi au Hamas, « et notamment à ses brigades et à ses fonctionnaires, de profiter de l’électricité alors qu’elle, elle en est privée (1) ». Le mouvement islamique politique a donc échoué à tirer avantage du retrait israélien de la bande de Gaza, n’imposant pas de renouveau démocratique et une gestion de la société pérenne, et faisant ainsi du territoire un berceau de conflits, de divisions et de guerres.

(1) Leila Seurat, Chercheuse associée au Centre de recherches internationales et spécialiste du Hamas.

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