Une coalition islamique pour lutter contre le terrorisme
Créée en décembre 2015, la coalition militaire qui réunit quarante pays musulmans à dominante sunnite a été lancée officiellement dimanche 26 novembre 2017 sous l’impulsion de l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite cherche à affirmer sa position de leader régional
A l’initiative du prince héritier Mohammed ben Salmane (surnommé MBS), la coalition cherche à coordonner l’action de ces pays afin de lutter contre des groupes qu’elle considère comme terroristes. Décrite par Riyad comme un pacte d’assistance mutuelle en termes financiers, matériels et militaires, l’alliance devrait aussi permettre l’échange de renseignements.
En réalité, beaucoup y voit une manière pour Riyad de constituer une alliance de pays musulmans contre l’Iran, qui en est exclu. Le fait même de nommer le Pakistanais Raheel Shareef au poste de commandant militaire de l’alliance est perçu comme un moyen d’éloigner Islamabad de Téhéran.
L’Arabie saoudite avait déjà ouvert un Centre contre le financement du terrorisme au mois de mai 2017. Sous l’impulsion de MBS, le royaume saoudien cherche à moderniser son image et souhaite s’ériger en État engagé dans la lutte contre le terrorisme. Il justifie ainsi sa politique à l’égard du Qatar, sous blocus saoudien depuis le 5 juin 2017 car accusé de financer le terrorisme. Plus récemment, l’annonce inattendue du Premier ministre libanais Saad Hariri de sa démission (sur laquelle il est revenu depuis) tandis qu’il se trouvait à Riyad est apparue comme une manœuvre des Saoudiens afin de faire pression sur le Hezbollah, proche de l’Iran.
Une coalition exclusive et hétérogène
Ni le Qatar, ni le Liban n’étaient présents lors de cette réunion officielle de lancement de la coalition. Outre l’Iran, la Syrie et l’Irak ont aussi été écartés en raison de leurs liens avec Téhéran alors même que les deux pays sont fortement engagés dans la lutte contre le terrorisme sur leur territoire notamment contre l’État islamique.
Si la priorité commune est celle de la lutte contre le terrorisme, les différents ministres de la défense, réunis à Riyad, ont surtout mis l’accent sur leurs intérêts propres. Pour la délégation yéménite comme pour l’Arabie saoudite, l’un des objectifs premiers est de contenir l’influence iranienne dans la région alors même que la Turquie a sollicité un soutien face aux séparatistes turcs. Les divergences stratégiques risquent ainsi de constituer une limite inhérente à la coalition à plus long terme.