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Le New Deal

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Franklin Delano Roosevelt, président démocrate (1933-1945) à l'origine du New Deal et symbôle d'une révolution politique et économique aux Etats-Unis
Franklin Delano Roosevelt, président démocrate (1933-1945) à l’origine du New Deal et symbôle d’une révolution politique et économique aux Etats-Unis

Déjà dans son discours de compagne pour les élections présidentielles de 1932 (qu’il remporte face au président sortant Hoover), Franklin D. Roosevelt avait lancé l’idée d’un « New Deal ». On surestime à tort l’influence keynésienne sur cette politique de gestion de crise qui se veut surtout pragmatique. Rappelons qu’ en 1932, Keynes est encore loin de faire autorité en matière de politique de relance. Le New Deal est surtout le fruit de compromis entre les différentes tendances du Brain Trust (cortège de conseillers de Roosevelt). Certains d’entre eux, les « planners » se disent en faveur d’une réforme structurelle de l’économie, d’autres, les « conjoncturistes » réclament une action massive et énergique sur la conjoncture.

Les premières mesures visent à assainir le système financier et bancaire : le Glass Steagall Act de 1933 impose une distinction entre les banques de dépôt et les banques d’affaires, et instaure un système d’assurance des avoirs des épargnants. Début 1934, le Gold Reserve Act permet d’augmenter la masse monétaire pour financer les politiques de reprise ; on considère alors qu’une relance inflationniste stimule la consommation. En 1933, L’Agriculture Adjustment Act (AAA) incite les exploitants à limiter leur production et à détruire leurs stocks. La même année, le National Industry Recovery Act (NIRA) encourage une forme de cartellisation corporatiste de l’industrie américaine en fixant des maxima de production et des prix minimum. Les entreprises peuvent également bénéficier d’aides des pouvoirs publics. La clause 7. a) met en place des dispositions sociales en faveur des ouvriers. La politique de grands travaux (Golden Gate Bridge, Tennessee Valley Authority) vise à réduire le chômage.

Fin 1933, la spirale déflationniste s’arrête. Mais une partie du patronat, représentée par l’American Liberty League présidée par Henry Ford, affirme son mécontentement, qualifiant le New Deal d’avatar du socialisme. La Cour Suprême, composée majoritairement de Républicains, invalide le NIRA puis l’AAA. Dès 1935, Roosevelt lance un deuxième train de mesures avec le Wagner Act qui renforce le pouvoir des syndicats, puis le Social Security Act (assurance contre le chômage, invalidité et accident du travail). Fin 1936, lorsque Roosevelt remporte triomphalement ses deuxièmes élections, la Cour Suprême invalide la suppression de NIRA et de l’AAA. A l’été 1937, certains indicateurs économiques ont retrouvé leur niveau de 1929. Le gouvernement décide alors une réduction de certains crédits consacrés à la politique de relance. L’effet est immédiat : chute de la production et remontée spectaculaire du chômage. Un troisième New Deal est alors lancé, présenté comme le plus keynésien : deuxième loi AAA, soutien du pouvoir d’achat, construction de logements…

On peut finalement dresser un bilan du New Deal assez mitigé : la productivité a augmenté, les négociations collectives se sont imposées ainsi que certaines politiques sociales, mais l’importance des préoccupations internationales met fin au New Deal en tant que tel en 1938. En 1939, les indicateurs économiques n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant-crise (toujours dix millions de chômeurs). Ce sont surtout le réarmement et la guerre qui sortiront définitivement les Etats-Unis de la crise.

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